Nous étions invité à participer aux Remue-méninges du Parti de Gauche (PG) et aux Estivales du Front de Gauche qui se sont tenus à Saint-Martin-d’Hères, en banlieue de Grenoble, du 22 au 25 août. Des débats étaient organisés sur un grand nombre de thèmes théoriques et historiques (la théorie économique de Marx, le matérialisme historique, la révolution française, la Commune de Paris...), mais aussi sur des thèmes d’actualité : la crise de l’UE, les révolutions en Amérique latine, les questions écologiques et les élections municipales à venir, entre autres.
L’ambiance était fraternelle et les discussions intéressantes. La grande majorité des participants était des militants du PG, même lors des deux jours des Estivales. Nous avons constaté, une fois de plus, que nombre d’entre eux connaissent et apprécient La Riposte. Nous tenions une table de presse dans le Village militant ; notre journal, nos brochures et nos livres se sont bien vendus.
Le PG est un parti jeune et animé d’un enthousiasme évident. Sa composition sociale est nettement moins ouvrière que celle du PCF, mais des membres du PG semblent en avoir conscience et mesurer le chemin qui les sépare d’un véritable ancrage militant dans le salariat. Nous ne pouvons dire s’ils y parviendront ; cela dépendra de plusieurs facteurs – et notamment des politiques que mèneront les directions du PG et du PCF dans la période à venir, laquelle soumettra toutes les organisations du mouvement ouvrier à de grandes épreuves.
L’attitude à l’égard du gouvernement
Les médias ont insisté sur les échanges critiques entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, à la veille et au cours de ces Universités d’été. La question de l’attitude à adopter à l’égard du gouvernement – et donc du PS – est une source de tensions permanente entre les directions du PCF et du PG. Pour notre part, nous ne voyons nulle « provocation », pour reprendre le mot de Pierre Laurent, dans les propos de Mélenchon à l’égard des ministres socialistes en général ou du démagogue Manuel Valls en particulier. La véritable « provocation », d’une ampleur beaucoup plus vaste, c’est la lamentable soumission des dirigeants du PS aux intérêts de la classe capitaliste. Cela se traduit concrètement par une politique qui, après dix ans de droite au pouvoir, aggrave encore les souffrances et le désespoir dans la masse de la population.
Autant il est correct de dénoncer la capitulation des dirigeants socialistes, autant cela n’épuise pas la question du programme alternatif à la politique menée par François Hollande. Nous venons de publier un long article à ce sujet. C’est la question fondamentale. Prenons garde de ne pas la négliger au profit des considérations tactiques sur les élections municipales ou d’autres thèmes de cet ordre. Mais puisque les élections municipales occupent une place certaine dans les débats internes au Front de Gauche, disons deux mots à ce sujet.
Comme nous l’avons expliqué ailleurs, il est politiquement cohérent de vouloir présenter, au premier tour des municipales, des listes du Front de Gauche permettant à l’électorat de gauche de voter contre la politique d’austérité du gouvernement, ce qui ne serait pas possible dans le cas de listes communes avec le PS. Cette approche a d’ailleurs le soutien de nombreux militants communistes. Cependant, le PG brouille sa propre position de deux manières : d’une part, en semblant exclure a priori que des socialistes puissent, au niveau local, défendre les mêmes positions que le Front de Gauche à l’égard de la politique du gouvernement, ce qui pourtant créerait de facto les conditions politiques d’une liste commune au premier tour ; d’autre part en appelant les Verts à rallier les listes du Front de Gauche au premier tour.
Cette différence de traitement à l’égard du PS et des Verts nous semble ne reposer sur aucun principe politique solide. Les Verts sont au gouvernement et ne se permettent quelques critiques – comme le font d’ailleurs Montebourg et d’autres dirigeants socialistes – que pour mieux soutenir l’essentiel de sa politique pro-capitaliste. Par ailleurs, les Verts sont une machine électorale pleine de carriéristes petit-bourgeois ouverts à toutes les contorsions « tactiques » possibles, vers la gauche ou vers la droite, selon le parti le plus offrant du jour. Les Verts, à la différence du PS, n’ont pratiquement rien à voir avec le mouvement ouvrier et n’ont, pour cette raison, aucune stabilité.
Cette parenthèse refermée, nous remercions les organisateurs de ces Universités d’été pour leur accueil fraternel et leur disponibilité. C’est avec grand plaisir que La Riposte y reviendra l’année prochaine.