Cet article a été écrit avant la capitulation du gouvernement face au Medef et la droite sur cette question, comme sur tant d’autres.
Le 27 février dernier, le Sénat votait la proposition de loi dite « d’amnistie sociale », à l’initiative du PCF et du Front de Gauche. Elle prévoit d’annuler les condamnations pour des faits commis lors de mouvements sociaux entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013. Immédiatement, la droite et le Medef se sont « scandalisés » de ce qu’ils considèrent comme un « encouragement à la violence ». Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls leur a emboîté le pas, se disant « sceptique » et expliquant que « la colère et la violence ne sont pas possibles dans une démocratie comme la nôtre ». Quant au groupe socialiste à l’Assemblée nationale, il a lui aussi pris ses distances en déclarant qu’il serait « vigilant », lors de l’examen de cette proposition de loi.
De quelle « violence » parlent Manuel Valls, la droite et le Medef, au juste ? Celle que subissent, jour après jour, des salariés jetés à la rue par la soif de profits des grands patrons et actionnaires de l’industrie ? Non, de cette violence-là, ils n’en parlent pas. Ils parlent de jets d’œufs et autres poubelles brûlées par des militants syndicaux engagés dans les grandes luttes sociales de ces dernières années. En témoigne le jugement dont vient d’être victime le camarade Sébastien Migliore, membre du PCF et de la CGT d’Alès. Voici ce qu’en dit le communiqué de l’UL CGT d’Alès, qui résume parfaitement la situation :
« Poursuivi par la justice, suite au mouvement contre la réforme des retraites en octobre 2010, pour un hypothétique jet d’œuf, qui aurait blessé et traumatisé neuf policiers aguerris et carapacés, notre camarade Sébastien Migliore, faute de preuve et de crédibilité de l’accusation, avait été relaxé en 1re instance. Cette décision contrariant les desseins du parquet, celui-ci fit appel. La sentence vient de tomber : deux mois de prison avec sursis, 1 000 euros d’amende, 100 euros à chaque partie civile et 5 ans d’inéligibilité […] Rappelons que Sébastien est élu PCF à Cendras.
Ce jugement a des conséquences graves pour notre camarade, mais aussi pour le syndicalisme. Valls met ses menaces à exécution. C’est une sérieuse attaque contre les libertés et le droit de manifester. Droit pourtant inscrit dans la Constitution. L’Union Locale CGT d’Alès se réserve le droit de dénoncer en justice les auteurs de cette manipulation ».
Le communiqué se concluait sur un appel à un grand rassemblement, le vendredi 19 avril, devant le tribunal d’Alès. L’appel a été entendu, puisque des centaines de militants et citoyens ont fait le déplacement. Non à la justice de classe ! Amnistie de Sébastien et tous les militants condamnés pour « délit » de lutte sociale !