Samedi 9 décembre, à Moissac (Tarn et Garonne.), un rassemblement a été organisé par la CGT pour défendre et soutenir les 5 employées de Distri Center (Hard Discount de vêtements), licenciées à la suite de la plainte pour harcèlement moral qu’elles ont déposée à l’encontre de leur responsable de magasin.
Depuis 2004, malgré les différents courriers adressés par les salariées à leur direction, signalant les agissements de leur responsable (insultes, remontrances, consignes pour s’acharner sur leurs collègues, retrait de leurs outils de travail), aucune réponse ne leur avait été donnée. La direction, allant jusqu’à nier la connaissance de ces courriers, n’a daigné ni répondre, ni à s’informer auprès des salariées. Celles-ci ont donc continué à subir les mêmes conditions de travail, jusqu’à tomber malade.
C’est là que, ne pouvant se résoudre à démissionner, comme celles qui les avaient précédé, elles se sont soutenues entre elles, se sont syndiquées pour et ont décidé de se défendre. En septembre, elles déposent 5 plaintes pour harcèlement à la gendarmerie. Mais le 12 octobre, elles ont reçu chacune un courrier de licenciement sans préavis pour faute grave : « Complot contre la responsable ».
Daphnée, Stéphanie, Christelle, Bernadette et Joëlle ont pu constater que chacune, isolée, se retrouvait dans une situation de grande détresse et d’impuissance face au pouvoir « absolu » du patron et à l’inefficacité des pouvoirs publics. En décidant de s’unir, de s’entraider et de chercher de l’aide, elles ont retrouvé la confiance et la force de se battre pour récupérer leur emploi. Une première action devant le magasin avait réuni une quinzaine de personnes, et le samedi 9 décembre, grâce à leur action commune, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le magasin et les ont accompagnées dans une manifestation jusqu’au centre ville.
Actuellement , avec l’aide de la CGT, elles ont pu monter un dossier et la procédure est en cours auprès du Conseil des prud’hommes. La veille du rassemblement – comme par hasard ! – la responsable du magazin a été placée en garde à vue pour être entendue par la gendarmerie.
Leur cas entre tout à fait dans le cadre de la loi du 12/01/02 [1] contre le harcèlement moral au travail et les employées gardent l’espoir d’être « entendues ».
Voici malheureusement ce qui devient une stratégie, une méthode pour les patrons qui souhaitent se débarrasser à moindre frais de leurs employés qui osent se plaindre de leurs conditions de travail (intensification du travail, mise en compétition, heures supplémentaires non payées…). Il existe aujourd’hui des manuels de management qui expliquent comment tenir les salariés par la crainte, la pression, la peur ( maltraitance relationnelle, techniques de l’isolement, techniques de persécution…)
Ce ne sont plus des cas isolés : c’est un phénomène qui se généralise depuis les années 90, si bien qu’une loi a été rédigée pour essayer de le prévenir. Mais peut-on prévenir des actes qui font partie d’un système valorisant le profit au détriment des femmes et des hommes ? Et si cette responsable de magasin agit ainsi, c’est bien pour garder sa place, se valoriser aux yeux de la direction, obtenir des avantages – bref, pour répondre aux nécessités de ce système.
Nous continuerons à suivre Daphnée, Stéphanie, Christelle, Bernadette et Joëlle tout au long de cette affaire et vous informerons de son évolution.
[1] (*)Article L122-49 (inséré par Loi nº 2002-73 du 17 janvier 2002 art. 169 I Journal Officiel du 18 janvier 2002)
Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat pour avoir subi, ou refusé de subir, les agissements définis à l’alinéa précédent ou pour avoir témoigné de tels agissements ou les avoir relatés. Toute rupture du contrat de travail qui en résulterait, toute disposition ou tout acte contraire est nul de plein droit.