La Côte d’Ivoire est menacée, une fois de plus, de sombrer dans la guerre civile. Jour après jour, les grands médias français nous expliquent que la faute en revient exclusivement à Laurent Gbagbo et ses partisans. La plupart des puissances impérialistes – France en tête – soutiennent Alassane Ouattara, qui a été Premier ministre sous la dictature de Félix Houphouët-Boigny, puis directeur général adjoint du Fonds Monétaire International.
Contrairement aux légendes officielles, les impérialistes n’attachent absolument aucune importance au « respect de la démocratie » en Côte d’Ivoire. Ils sont de longue date habitués à faire et défaire les dictatures de ce continent dont ils pillent systématiquement les richesses. Ils sont les premiers responsables de l’effroyable misère qui frappe les masses africaines. Seuls des esprits naïfs peuvent croire un instant que les impérialistes déclenchent une tempête diplomatique – et menacent d’intervenir militairement, sur place – par amour de la démocratie. En Egypte, au Burkina Faso, au Soudan, au Togo, en Algérie, en Tunisie et au Gabon, les récentes élections étaient entachées d’« irrégularités » massives. Mais cela n’a pas posé de problèmes au gouvernement Sarkozy.
Ouattara et Gbagbo appartiennent à la même catégorie de politiciens corrompus qui ont fait fortune en ramassant les grosses miettes tombées de la table impérialiste. Ouattara n’a nullement l’intention de rompre avec la politique menée par Laurent Gbagbo, pendant des années, et qui a consisté à livrer les richesses de la Côte d’Ivoire aux grandes multinationales, notamment françaises. Simplement, Gbagbo a perdu la confiance de l’impérialisme français, qui l’avait longtemps soutenu. L’une des raisons de ce revirement est probablement l’ouverture du « marché ivoirien » à d’autres intérêts, notamment chinois. Ce n’est pas un hasard si les gouvernements chinois et russes ont soutenu Laurent Gbagbo, au lendemain des élections.
Les impérialistes ne veulent pas d’une nouvelle guerre civile en Côte d’Ivoire. Ils veulent un régime stable qui leur ouvre des perspectives d’investissements rentables. Mais leurs manœuvres et leurs crimes passés ont complètement déstabilisé le pays et la région. Ils ne contrôlent plus le monstre qu’ils ont eux-mêmes créé. La Côte d’Ivoire est divisée en deux. Après avoir tout fait pour marginaliser Gbagbo, l’impérialisme français aura le plus grand mal à imposer un compromis aux deux cliques dirigeantes qui se disputent le pouvoir. Cette situation illustre, une fois de plus, l’affaiblissement de la diplomatie française, qui est la conséquence du déclin économique et militaire de la France sur l’arène mondiale.
Ce sont d’abord les jeunes, les travailleurs et les pauvres ivoiriens qui payent et vont payer le prix de cette nouvelle crise. Le mouvement ouvrier international ne doit soutenir ni le camp de Gbagbo, ni celui de Ouattara. Notre premier devoir est de mener campagne contre la présence de troupes étrangères – y compris de l’ONU – en Côte d’Ivoire. Soldats français, hors de Côte d’Ivoire ! Seules des luttes massives de la jeunesse et des travailleurs ivoiriens, contre l’impérialisme et contre le capitalisme, pourront mettre un terme au cycle infernal de la misère, de l’exploitation et des guerres civiles qui saignent ce pays.