En août 2017, Macron s’autoproclamait pacificateur de la Libye. Grâce à ses talents de diplomate, Jupiter allait réconcilier les différentes fractions qui se font la guerre depuis 2014. Deux ans plus tard, la Libye est toujours embourbée dans une guerre civile qui oppose des factions armées plus réactionnaires les unes que les autres. En mars dernier, les forces du chef de guerre Khalifa Haftar ont attaqué Tripoli, la capitale. Cela marquait la fin de la trêve confuse entre les troupes de Haftar et le gouvernement reconnu par l’ONU.
L’intervention de 2011
La crise actuelle est la conséquence directe de l’intervention militaire de la France et de la Grande-Bretagne, en 2011. Sous prétexte de renverser la dictature de Kadhafi, cette intervention visait à prendre le contrôle des ressources naturelles et des marchés Libyens.
A l’époque, le régime de Kadhafi était confronté à une rébellion armée, dans le sillage des révolutions arabes de 2010 et 2011. La France et la Grande-Bretagne profitèrent de l’occasion pour soutenir les groupes « rebelles » (archi-réactionnaires). Après la chute de Kadhafi, ces groupes entrèrent en guerre les uns contre les autres pour se partager les revenus du pétrole et les subsides de l’Union Européenne – qui les paye pour qu’ils empêchent les migrants de traverser la Méditerranée.
Autrefois l’un des pays les plus développés d’Afrique du Nord, la Libye est désormais un enfer à ciel ouvert. Des milices islamistes ont pris le contrôle de vastes territoires et prospèrent sur le terreau du chaos provoqué par l’intervention de 2011. L’esclavage est même rétabli dans certaines villes, où des réfugiés africains sont vendus aux enchères par des milices et contraints au travail forcé.
Le coup d’Etat de Haftar
Le maréchal Khalifa Haftar est un ancien officier supérieur de Kadhafi. Il s’est rallié aux Américains pendant la Guerre froide. Il est revenu brièvement en Libye en 2011, avant de retourner aux Etats-Unis. Revenu une deuxième fois en Libye en 2014, il refuse alors de reconnaître le gouvernement de Tripoli et agglomère plusieurs milices – y compris des groupes ouvertement islamistes – en une force unique qu’il baptise « Armée nationale libyenne ». Après avoir pris le contrôle de tout l’Est libyen, il lance cette armée à l’assaut du « croissant pétrolier » en 2016, ce qui lui donne le contrôle de presque toutes les exportations de pétrole du pays.
La solution choisie par l’ONU est alors de mettre en place un troisième gouvernement, qui doit s’imposer à celui de Tripoli comme à celui de Tobrouk, la ville où siège le gouvernement de Haftar. Face à un affrontement entre voleurs sur le cadavre de leur victime, l’ONU a donc choisi de partager les fruits du vol entre les voleurs. Cela montre bien que l’ONU n’a que faire des intérêts du peuple libyen ; elle cherche uniquement à défendre les intérêts de certaines puissances impérialistes, lesquelles ont besoin de stabilité pour exploiter la Libye. Mais tout l’édifice de l’ONU s’est écroulé lorsque Haftar a refusé de reconnaître ce nouveau gouvernement « d’union nationale ». Se sentant suffisamment fort pour conquérir tout le pouvoir, il ne veut pas le partager. Et ce faisant, il est soutenu par ses parrains impérialistes, dont la France.
L’impérialisme n’est pas la solution !
Le soutien de Paris au maréchal Haftar est sans faille. Alors que le gouvernement français pousse officiellement à une plus grande implication de l’UE dans la « résolution » de la crise libyenne, les diplomates français se sont opposés, en avril, à l’adoption d’une résolution européenne qui condamnait l’offensive lancée par les milices de Haftar. Celui-ci a même été reçu à l’Elysée par Macron, au mois de mai, alors même que ses troupes bombardaient Tripoli.
La bourgeoisie française espère que Haftar lui permettra de mettre la main sur les richesses de la Libye, mais aussi que son règne permettra de stabiliser une région fragilisée par la chute de Kadhafi. En effet, la Libye sert de base arrière et de source d’approvisionnement aux guérillas islamistes que combattent les troupes françaises dans le Sahel. Haftar bénéficie aussi du soutien de la Russie, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie, qui lui a envoyé un lot de blindés neufs, en juin dernier. Son ennemi, Fayez el-Sarraj, président du « gouvernement d’union nationale », est soutenu, lui, par les Etats-Unis et l’Italie.
De fait, cette guerre civile est devenue une lutte par procuration entre grandes puissances impérialistes pour le contrôle des marchés et des ressources pétrolières. Au pouvoir, Haftar ne serait que le garde-chiourme de son propre peuple pour le compte des impérialistes français et saoudiens. Seul le socialisme peut garantir un avenir décent aux masses Libyennes. Le meilleur moyen, pour les y aider, est de lutter ici contre l’impérialisme français.