La lutte contre la fraude électorale, au Mexique, se développe en une situation révolutionnaire, et son point le plus avancé est l’Etat d’Oaxaca, où la masse de la population a pris l’initiative de former une Assemblée Populaire d’Oaxaca (APPO) - une organisation semblable aux soviets de la révolution russe et luttant ouvertement pour le pouvoir.
La tendance marxiste Militante, qui fait partie de la Tendance Marxiste Internationale, est impliquée depuis le début dans cette lutte, et fait désormais partie des organisations visées par la répression d’Etat.
La répression d’Etat peut prendre de nombreuses formes, et l’une d’entre elles consiste à présenter une organisation des travailleurs ou des paysans comme une organisation criminelle ou terroriste. Comme le disait Trotsky dans Pourquoi les marxistes s’opposent au terrorisme individuel : « Nos ennemis de classe ont l’habitude de se plaindre de notre terrorisme. Ce qu’ils entendent par là n’est pas très clair. Ils aimeraient qualifier de terrorisme toutes les activités de la classe ouvrière dirigées contre les intérêts de nos ennemis de classe. La grève, à leurs yeux, est la principale méthode de terrorisme. Une menace de grève, l’organisation de piquets de grève, le boycott d’un patron esclavagiste, le boycott moral d’un traître de nos propres rangs - ils appellent tout cela terrorisme et bien plus encore. Si on conçoit de cette façon le terrorisme comme toute action inspirant la crainte ou faisant du mal à l’ennemi, alors, naturellement, la lutte de classe toute entière n’est pas autre chose que du terrorisme. »
Dans le cas du Mexique, la raison de ces accusations est très claire : il s’agit d’essayer de préparer l’opinion publique à la répression d’Etat ou paramilitaire contre les chefs connus des organisations visées - une méthode que l’Etat mexicain pratique depuis longtemps.
Le 22 août, le procureur de l’Etat d’Oaxaca, Lizbeth Caña, déclarait que l’APPO était davantage une organisation de « guérilla urbaine » qu’une « organisation sociale ». C’est un signe clair du fait que l’appareil d’Etat se prépare à lutter contre l’APPO au moyen de méthodes contre-insurrectionnelles. Au cours de la lutte des enseignants et travailleurs d’Oaxaca, un certain nombre dirigeants ont été déjà assassinés, et des groupes d’hommes masqués et bien armés ont été employés contre le mouvement (dans certains cas, il fut établit qu’il s’agissait d’officiers de police). Par conséquent, nous n’avons pas affaire à des menaces en l’air.
Le 25 août, dans sa colonne d’El universal - l’un des principaux journaux mexicains -, Raymundo Riva Palacio a signé un article intitulé Guérillas, dans lequel il appuie les allégations mensongères sur le caractère de « guérillariste » de l’APPO, l’accusant d’être infiltrée par l’Armée Révolutionnaire du Peuple (EPR), via le syndicat des enseignants d’Oaxaca. Puis il ajoute la tendance marxiste Militante à son amalgame :
« La réalité vient confirmer l’accusation du gouvernement d’Oaxaca, selon laquelle il est confronté à une guérilla urbaine. L’EPR a été rejoint par un certain nombre d’alliés tactiques, comme le courant révolutionnaire trotskyste qui, dans son journal, Militante, a publié le 17 août un article sur La lutte contre la fraude et l’exemple d’Oaxaca, où il dénonce la "fraude électorale" prétendument organisée par le Président Vicente Fox, et, tout en soutenant la résistance engagée par Lopez Obrador, affirme qu’il est nécessaire d’intensifier les contradictions et de créer "un, deux, trois Oaxacas". Leur soutien à Lopez Obrador ne signifie pas qu’ils sont sur le même bateau que lui ; il s’agit plutôt d’un dispositif tactique des guérillas, qui cherchent à tirer profit de la situation politique créée par le candidat de la coalition "Pour le Bien-être de Tous" [Lopez Obrador]. »
Palacio poursuit son article en décrivant les prétendues activités de l’EPR à Mexico, où il prétend qu’elle a infiltré le campement massif organisé pour lutter contre la fraude électorale. Il affirme également que l’EPR « a organisé les blocage des routes autour de la Cité Universitaire », ce qui est ridicule. Mais ces attaques sont précises et ne doivent pas être prises à la légère. Seules deux organisations sont accusées, dans cet article, d’être infiltrées par l’EPR : le syndicat des enseignants d’Oaxaca et la tendance marxiste Militante.
La référence aux blocage des routes organisé par le mouvement étudiant fait écho à un autre article d’El Universal dirigé contre l’un des principaux dirigeants étudiants de Militante. Le 11 août, dans une colonne signée par des « journalistes d’El Universal » et qui s’en prend au mouvement contre la fraude électorale, on peut lire ce qui suit :
« Il est surprenant de voir l’impunité dont jouit le chef de ce groupe de jeunes qui exigent une place à l’UNAM [une université de Mexico]. Son nom est Nahum Perez Monroy, et on sait qu’il est lié à une des tendances du PRD. Il se vante d’avoir de l’influence politique et dépense l’argent sans compter. Mais en dépit de sa prétendue notoriété, les services secrets du gouvernement indiquent qu’ils n’ont pas d’idée claire sur les ordres auxquels il obéit. »
Nahum Perez est l’un des principaux dirigeants étudiants de Militante, et un représentant élu du Mouvement des Etudiants Non-Admis, qui ont lutté, ces dernières semaines, pour que davantage d’étudiants puissent s’inscrire à l’UNAM. Il est également un membre de la Coordination des Comités de Lutte et d’Information contre la Fraude Electorale (CLICFE), établie à Mexico et dans d’autres Etats du pays.
Les camarades de Militante ont répondu à ces attaques en réaffirmant qu’ils se sont toujours dissociés des méthodes du terrorisme individuel, et ont toujours défendu les méthodes de lutte de la classe ouvrière : la mobilisation de masse, la grève générale, l’organisation de la classe dans des comités de lutte, des piquets de grève, etc. Telles sont précisément les méthodes qui ont été utilisées à Oaxaca, et pour lesquelles l’APPO est accusée « guérillarisme urbain ».
Au sein du mouvement contre la fraude électorale, les camarades de Militantedéfendent la nécessité d’organiser une grève générale de 24 heures, de transformer la Convention Nationale Démocratique, convoquée le 16 septembre, en un authentique organe de pouvoir ouvrier, et d’étendre à tout le pays l’insurrection d’Oaxaca. Tout ce travail a été conduit ouvertement, dans des réunions de masse, dans le campement de la place Zocalo, dans les quartiers, dans les lycées, les universités, sur les lieux de travail et dans les sections syndicales. Ces mots d’ordre suscitent un large écho parmi les millions de personnes qui ont participé aux mobilisations de masse de ces deux derniers mois. La preuve en est l’augmentation massive de la circulation du journal Militante, dont des dizaines de milliers d’exemplaires ont été vendus.
Telle est la véritable raison des attaques dont Militante fait l’objet. Et ces attaques ne viennent pas seulement d’un ou deux journalistes de droite. El Universal est un organe sérieux de la classe dirigeante mexicaine, qui est extrêmement inquiète de la situation explosive et révolutionnaire à laquelle elle fait face. Si ces journalistes attaquent Militante, c’est soit sur instruction de l’Etat, soit pour conseiller à l’Etat de cibler Militante.
Quoiqu’il en soit, les camarades de Militante ont répondu en redoublant d’effort pour construire, au Mexique, une tendance marxiste révolutionnaire qui pourra mener ce puissant mouvement à la victoire.
Nous lançons cet appel pour demander aux organisations et aux militants de gauche, dans le monde de soutenir les camarades de Militante en prenant, par exemple, les mesures suivantes :
• Soulever et discuter cette question dans les partis de gauche et le mouvement syndical.
• Passer des résolutions de soutien à la lutte du peuple d’Oaxaca et aux camarades de Militante.
• Protester auprès des ambassades mexicaines, en rendant l’Etat mexicain responsable du sort des membres de l’APPO et de Militante.
Les 15 et 16 septembre prochain, une mobilisation massive aura lieu, au Mexique, pour constituer une Convention Nationale Démocratique qui doit décider du futur de la vie politique du pays. Pour montrer votre soutien, nous vous demandons d’organiser des piquets devant les ambassades mexicaines, dans le monde entier, l’un ou l’autre de ces deux jours.