C oca Cola International est l’une des enterprises les plus célèbres au monde. Elle réalise des profits supérieurs au PIB de bien des pays du soi-disant « tiers-monde ». Cependant, ces profits proviennent d’une exploitation brutale des travailleurs. Au Pakistan, la direction de l’entreprise recourt à des méthodes répressives pour réduire à néant les droits des 4000 salariés et augmenter les profits. Un grand nombre de ces travailleurs n’ont pas de contrat digne de ce nom. Ils sont embauchés et payés à la journée. Ces travailleurs « temporaires en permanence » gagnent des salaires de misère, sans aucune couverture sociale, et sont contraints de travailler plus d’heures que la loi ne l’autorise. S’ils protestent, la compagnie fait intervenir la police, qui agit avec brutalité. Déçus par les structures syndicales « reconnues », ils ont tenté de créer leur propre syndicat, mais la répression a mis fin à cette tentative. L’Etat intervient systématiquement du côté des employeurs, comme ce fut le cas lors des protestations qui ont eu lieu dans les usines de Multan, Rahim Yar Khan et Gujranwala.
A Gujranwala, il y a plus de 600 salariés avec des contrats journaliers. Ils sont payés encore moins que les autres travailleurs et ne recoivent aucune majoration pour des heures supplémentaires. Ils n’ont aucune couverture sociale et médicale. Leur statut ressemble à celui d’esclaves. Parfois la direction prête de l’argent aux familles des salariés. En échange, les salariés sont contraints de travailler pour la compagnie et de subir des conditions de travail abjectes. Ils n’ont pas de repos hebdomadaire et n’ont même pas droit à une attestation d’emploi. Périodiquement, la compagnie se sépare brutalement des travailleurs sous contrat.
La Campagne de Défense du Syndicalisme Pakistanais (PTUDC) appuie la lutte des travailleurs de Coca-Cola pour obtenir le droit de se syndiquer et pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Une étape importante a été franchie le 7 octobre dernier, quand la PTUDC a organisé un rassemblement réunissant des salariés de pratiquement toutes les unités de production de l’entreprise au Pakistan, dont ceux de Karachi, Multan, Rahim Yar Khan, Gujranwala, Lahore et d’autres villes. Jusqu’alors réprimés et divisés, les travailleurs de ces différents sites ont pu enfin s’exprimer librement, décrire leurs conditions de travail, partager des expériences et tisser des liens entre eux. Un comité national de coordination a été mis en place pour préparer une plateforme commune de revendications. Ce rassemblement a renforcé le moral et la combativité des travailleurs de Coca-Cola, jetant les bases d’actions concertées à venir. Ils en appellent à la solidarité des travailleurs du monde entier.