La lutte des travailleurs du Baloutchistan a pris un nouveau tournant ces derniers jours. Mercredi 5 juin, toute la ville de Quetta a été paralysée par la grève. L’appel à la grève a été lancé par tous les partis politiques de l’opposition. L’ARD (dirigé par le PPP), les partis nationalistes et même les partis religieux y ont participé. Cet appel est venu en réponse à la l’énorme pression que la lutte des ouvriers a exercé sur les directions syndicales et politiques. Les magasins étaient fermés et les autres activités dans la ville se sont arrêtées.
Le 24 mai, les dirigeants nationaux de la Fédération des Travailleurs officielle (« workers’ confederation ») sont venus à Quetta pour négocier avec les autorités. Contrairement aux espoirs des salariés, ils n’ont pas lancé un mouvement dans tout le pays pour soutenir la grève. Ils ont subordonné la lutte aux négociations avec le gouvernement du Baloutchistan et annulé la grève. Cet acte a entraîné la colère des ouvriers - ceux qui étaient en prison comme les autres, menacés par les licenciements et obligés de signer des excuses humiliantes. Ce fut un rude coup, et il a semblé que la grève allait souffrir une grave défaite. Un esprit de démoralisation a été répandu par l’Etat, les médias et les laquais syndicaux du régime. Il y a eu une censure presque totale du mouvement de grève et la grève du 5 juin, qui avait complètement paralysé Quetta, n’a été rapportée par aucun des principaux journaux au Pakistan. Autant pour la liberté d’expression ! Autant pour le journalisme "objectif" ! Le pays est dominé par le journalisme jaune, vulgaire et corrompu.
Cependant, à la surprise de beaucoup, le mouvement de grève a pris un nouvel élan, et les salariés ont refusé de se retirer ou de bouger. Ce qui a exercé une énorme pression sur les directions syndicales du Baloutchistan. Du fait de cette pression, la BLF (Fédération du Travail du Baloutchistan), la filiale régionale de la "Confédération des Travailleurs", a rompu avec sa direction nationale. La direction de la BLF a annoncé une grève de la faim à partir du 2 juin. Le 4 juin, l’état physique d’un des principaux chefs du BLF, l’agent de maîtrise Khair Mohammed, a commencé à se détériorer, et il a été porté à l’hôpital - après plus de 60 jours de jeune.
Hameed Khan et d’autres dirigeants et travailleurs emprisonnés ont gardé la tête haute. Ils ont refusé de signer des excuses et Hameed Khan a refusé d’être libéré sous caution avant que chacun des 197 ouvriers arrêtés soient libérés avant lui.
Cette résolution, ce courage et cette détermination des travailleurs et des chefs révolutionnaires ont donné une nouvelle impulsion au mouvement de grève. La participation des partis politiques dans la lutte montre comment la détermination des salariés dans la lutte peut transformer l’atmosphère, dans une situation où le Pakistan est au bord de la guerre et où le danger nucléaire pointe à l’horizon. L’Etat instrumentalise toutes ces menaces externes pour écraser les ouvriers en lutte. Mais cette nouvelle poussée dans le mouvement prouve qu’une classe unie dans la lutte, menée par une conduite audacieuse, peut surmonter les plus grands des obstacles.
En outre, cette lutte a été confinée au Baloutchistan, par l’Etat et la direction syndicale. Les dirigeants nationaux des syndicats se sont contentés d’aller à Quetta et de vendre ce mouvement merveilleux des travailleurs. La seule force dans le mouvement ouvrier qui a lancé une lutte dans tout le pays pour soutenir les salariés du Baloutchistan a été le PTUDC. Des manifestations et des rassemblements de protestation ont été organisés dans tout le pays. Dans chaque capitale de province, dans chaque ville importante, le PTUDC a mobilisé. Les travailleurs et les dirigeants de la grève n’y resteront pas indifférents.
Mais avant tout, c’est la campagne internationale et les messages de solidarité à travers le monde, au plus fort de la répression et dans la chaleur de la lutte, qui a donné un grand encouragement aux salariés. Ces lettres et messages internationaux de protestation ont eu également un impact sur l’Etat. Il y a maintenant des signes clairs que les autorités d’Etat vacillent.
Le camarade Hameed Khan, responsable du PTUDC à Quetta, a envoyé un message de gratitude révolutionnaire de la prison de Quetta à tous ces syndicalistes, ouvriers et militants en Europe et ailleurs, qui ont soutenu cette lutte dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien.
Cette lutte est maintenant entrée dans une phase délicate et décisive. Une grande réunion publique pour la libération des travailleurs emprisonnés et les revendications de la grève est prévue pour aujourd’hui au centre-ville de Quetta. Un autre appel à la fermeture des commerces a été lancé pour le 10 juin. Les autorités sentent maintenant la chaleur de la lutte. Il sera très difficile pour elles de poursuivre la répression. Il n’est pas possible d’écraser un mouvement qui, après avoir surmonté la trahison et défié une répression des plus brutales, continue toujours la lutte avec un élan encore plus grand.
Une libération sans conditions de tous les camarades arrêtés, la réincorporation de tous les travailleurs, sans représailles, et des négociations sérieuses pour l’allocation de 40% seraient une victoire importante, ouvrant la route à d’autres avancées dans la lutte de classe.