Depuis les années 1990, en Europe, les capitalistes, la Commission Européenne et les gouvernements poussent impatiemment à la privatisation des services publics. Pour le Capital, cela ouvre des possibilités d’investissements aux risques limités : Transports, Poste, Hôpitaux ou Télécommunications sont indispensables et donc « sûrs » d’un point de vue financier. D’énormes profits sont en jeux. Les compagnies nationales de chemin de fer ont été particulièrement visées – en Grande-Bretagne, en France, mais aussi en Allemagne.
En 1994, les chemins de fer nationaux de l’ancienne RDA (Reichsbahn) et de l’Allemagne de l’Ouest (Bundesbahn) ont été fusionnés et transformés en une société anonyme de droit privé, la Deutsche Bahn (DB). Trois ans plus tard, elle a été divisée en cinq filiales (fret, transport de voyageurs à longue distance, transport local, infrastructure, gestion des gares). Cette division était la première d’une longue série. Aujourd’hui la DB compte près de 300 filiales, véritables mines d’or pour les capitalistes, mais sources de chaos en termes d’organisation et de gestion. Dans le même temps, DB s’est développée au niveau international en rachetant des entreprises de Transport. Elle est ainsi en concurrence avec des entreprises étrangères comme la SNCF ou Trenitalia.
Attirer les investisseurs privés
A partir de 2000, le patron de la DB, Hartmut Mehdorn, a commencé le travail préparatoire à sa privatisation et à son introduction en bourse. Concrètement, cela s’est traduit par une baisse massive des investissements et la recherche d’économies à tout prix, pour apparaître plus attirant aux investisseurs privés potentiels. Les conséquences désastreuses s’en font encore sentir aujourd’hui : réduction drastique du personnel et restructurations permanentes. Les salariés sont donc soumis à une pression intense, tandis que l’état du réseau se détériore.
D’un point de vue écologique, les conséquences sont catastrophiques : peu rentable, le fret ferroviaire a été délaissé au profit du transport routier, pourtant bien plus polluant. Par contre, les projets d’infrastructures démesurés et inutiles se multiplient, au profit des grandes entreprises de la construction et des spéculateurs immobiliers...
L’ouverture du capital et l’introduction en bourse avaient été prévues pour octobre 2008 par le gouvernement de la grande coalition SPD/CDU-CSU. La crise mondiale de 2008 a reporté ce projet ; la DB est restée « publique » jusqu’à ce jour, bien qu’elle soit déjà gérée comme une entreprise privée. Mais cela pourrait changer : la pression pour une privatisation complète s’accentue.
Seule une renationalisation complète, sous le contrôle démocratique des travailleurs et des usagers, pourrait résoudre les problèmes immenses du rail allemand !