L e 30 juin dernier, Donald Trump a signé un mémorandum présidentiel, destiné à l’ensemble de l’administration américaine, qui renforce considérablement l’embargo contre Cuba. L’objectif de cette mesure est clair : l’impérialisme américain veut étrangler la révolution cubaine et replacer l’île sous sa domination. L’Internationale Communiste Révolutionnaire s’oppose fermement à cette nouvelle agression impérialiste. Le mouvement ouvrier international doit dénoncer cet acte brutal et se mobiliser pour défendre la révolution cubaine. 

La révolution cubaine 

Après l’indépendance de Cuba en 1898, l’impérialisme américain a écrasé l’île pendant des décennies. Il y a implanté ses capitaux pour développer une importante industrie sucrière, mais aussi la culture du tabac et des mines. En 1959, 50 % des terres arables, 90 % des mines, et 100 % des raffineries appartenaient à des compagnies américaines. Les impérialistes ont aussi construit une myriade de casinos et d’hôtels de luxe pour les touristes américains. L’écrasante majorité des profits revenaient ensuite aux Etats-Unis, tandis que la population cubaine vivait dans la misère. Les Etats-Unis exerçaient un contrôle politique étroit sur l’île en soutenant une série de régimes dictatoriaux, comme ceux de Gerardo Machado (1925-1933) ou de Fulgencio Batista (1952-1959).

Cette situation provoqua une forte résistance et l’apparition de groupes révolutionnaires, comme le Mouvement du 26 juillet (M-26-7) fondé par Fidel Castro suite à une tentative ratée de provoquer un soulèvement contre Batista en juillet 1953. Castro ne défendait alors qu’un programme très modéré de démocratisation du pays et de développement de l’économie sur la base du capitalisme.

En novembre 1956, Castro et ses camarades débarquèrent à Cuba depuis leur exil au Mexique. Avec une poignée de partisans, ils organisèrent une campagne de guérilla dans les montagnes de la Sierra Maestra. Deux ans plus tard, en janvier 1959, le régime de Batista, rongé par la corruption, s’effondrait sous les coups conjugués de l’armée paysanne qu’avait assemblée Castro et (surtout) de la grève générale insurrectionnelle lancée par la classe ouvrière des villes.

Pendant les premières années de la révolution, les tentatives d’appliquer le programme modéré défendu par Castro se heurtèrent à la résistance acharnée des grands propriétaires et des capitalistes cubains, ainsi qu’aux manœuvres des impérialistes américains. Pour surmonter ce sabotage, le gouvernement de Castro expropria les grandes entreprises américaines et mit en place une économie nationalisée et planifiée.

Ce processus est une confirmation pratique de la théorie de la révolution permanente élaborée par le révolutionnaire russe Léon Trotsky en Russie au début du XXe siècle. Dans un pays arriéré et dominé par l’impérialisme, comme l’était Cuba en 1959, il est impossible de mettre en œuvre des réformes démocratiques élémentaires, d’en finir avec la domination des grands propriétaires terriens et d’obtenir une véritable indépendance nationale sans s’attaquer au capitalisme et à l’impérialisme. Confrontés à cette contradiction, Castro et ses camarades ont tranché le nœud gordien et ont aboli le capitalisme.

Mais le régime qu’ils instaurèrent n’était pas un régime démocratique, comme l’était celui de la Russie soviétique sous Lénine entre 1917 et 1924. Le nouveau régime cubain était au contraire calqué sur l’URSS stalinienne, dans laquelle le pouvoir politique et économique avait été accaparé par une bureaucratie privilégiée. Les masses cubaines ne purent donc jamais participer directement à la direction de l’économie et du pays, ce qui limita considérablement le potentiel de la révolution cubaine.

Malgré le poids de la bureaucratie, la révolution permit à Cuba de faire d’énormes avancées, en s’appuyant sur la nationalisation et la planification de l’économie, la mise en commun des ressources et l’élimination du parasitisme de la bourgeoisie et des impérialistes. L’analphabétisme fut éradiqué. Un système de santé public gratuit fut mis sur pied, qui est encore aujourd’hui un des meilleurs au monde. L’espérance de vie progressa jusqu’à atteindre aujourd’hui 78 ans. Elle est donc équivalente à celle des Etats-Unis et de 13 ans supérieure à celle de l’île voisine d’Haïti, où le capitalisme n’a pas été renversé.

Aujourd’hui encore, la révolution cubaine est une source d’inspiration pour de nombreux jeunes et travailleurs à travers le monde. Pour la même raison, elle est haïe par les capitalistes du monde entier – au premier rang desquels se trouve la classe dirigeante américaine, qui ne rêve que de se débarrasser de cet encombrant voisin une bonne fois pour toutes. 

Agressions impérialistes 

Depuis 1959, l’impérialisme américain n’a pas cessé de tenter d’étrangler la révolution cubaine. En 1961, près de 1500 mercenaires entraînés par les Etats-Unis débarquèrent à Playa Giron (la Baie des cochons). Ils furent écrasés grâce à une mobilisation des masses cubaines, qui défendirent la révolution. L’année suivante, le président américain Kennedy instaura un embargo économique total contre Cuba, qui est toujours en vigueur aujourd’hui. Les services américains eurent aussi recours à des méthodes terroristes. En 1976, un agent de la CIA posa par exemple une bombe dans un avion de la compagnie aérienne civile cubaine Cubana. Cet attentat fit 73 morts. Le terroriste, Luis Posada Carriles, finit ses jours paisiblement aux Etats-Unis.

L’impérialisme américain a brièvement changé de méthode sous la présidence d’Obama, lorsque des relations diplomatiques furent notamment rétablies entre les Etats-Unis et Cuba. Ce changement de stratégie n’était pas dicté par des considérations « humanistes » – bien au contraire. Après 50 ans d’embargo économique et d’agressions directes qui n’avaient pas réussi à renverser le régime cubain, Obama essaya de remplacer le bâton par la carotte. Il cherchait à étrangler la révolution en l’incitant à s’ouvrir au capitalisme américain. L’ouverture à ce moment par le régime de certains secteurs de l’économie cubaine aux investissements étrangers créait aussi un nouveau marché sur lequel les entreprises américaines espéraient s’implanter.

Après son arrivée à la Maison-Blanche, Trump revint à la stratégie agressive : il fit adopter un ensemble de 243 mesures pour renforcer l’embargo économique. Ces attaques furent maintenues et poursuivies par Joe Biden. Le mémorandum adopté par Trump en juillet de cette année les étend encore. Par exemple, alors qu’il était déjà interdit à des Américains de faire du tourisme à Cuba, les restrictions de voyage encadrent désormais tous les voyages, y compris ceux à but éducatif. Des contrôles par l’administration américaine sont désormais nécessaires pour tous les voyageurs désirant se rendre à Cuba. La liste des fonctionnaires cubains avec qui toute relation est prohibée a également été étendue pour inclure notamment les journalistes.

La première section du mémorandum présente ce qui serait l’objectif de ces mesures : « Les Etats-Unis reconnaissent la nécessité de plus de liberté et de démocratie, une amélioration du respect des droits de l’homme, et l’élargissement de la libre entreprise. Le peuple cubain a trop longtemps souffert sous un régime communiste qui réprime ses aspirations légitimes à la liberté et la prospérité, et qui échoue à respecter sa dignité humaine la plus essentielle ». On ne peut qu’être frappé par l’hypocrisie d’une telle déclaration venant de la première puissance impérialiste mondiale, qui soutient toutes sortes de régimes ultra-réactionnaires à travers le monde, et qui arme et finance la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza. L’objectif réel des dirigeants américains n’a rien à voir avec la « démocratie » ou les « droits de l’homme ». Ils veulent écraser la révolution cubaine et replacer Cuba sous leur domination impérialiste, pour le plus grand profit de leurs monopoles capitalistes. 

Crise économique 

L’impérialisme américain n’est pas la seule menace qui pèse sur la révolution cubaine. Cuba traverse aujourd’hui une profonde crise économique, qui résulte de la combinaison de plusieurs facteurs : l’impact de la pandémie du COVID sur le tourisme, un des principaux moteurs de l’économie cubaine (en 2020, le PIB chuta de 11 %) ; le prix élevé de l’énergie sur le marché mondial, associé à la baisse des exportations de pétrole du Venezuela ; la détérioration des infrastructures existantes ; l’embargo américain évidemment ; et enfin le poids écrasant de la bureaucratie sur l’économie cubaine.

L’économie cubaine est fortement dépendante du marché mondial. 70 % des produits alimentaires et de consommation courante sont importés. Elle est donc très sensible aux fluctuations du marché, et la forte inflation des dernières années l’a particulièrement affectée. Elle a besoin de devises étrangères pour ses échanges internationaux, mais du fait de l’embargo américain, son accès y est limité. Elle dépend donc d’autres sources : l’exportation de services médicaux (près de 5 milliards de dollars de revenus en 2022) et les fonds envoyés par les Cubains à l’étranger (près de 2 milliards en 2023) – deux sources qui ont beaucoup baissé au cours des dernières années.

Les conditions de vie des Cubains se sont donc fortement détériorées ces dernières années. Les pénuries sont de plus en plus importantes, tout comme les coupures d’électricité. Les services publics se dégradent. Les conquêtes de la révolution ont été sévèrement minées, et sont aujourd’hui menacées.

La crise accentue également les divisions au sein de la bureaucratie cubaine, dont une partie s’oriente ouvertement vers la restauration du capitalisme. Dans les dernières années, plusieurs mesures de « réorganisation de l’économie » qui vont dans ce sens ont déjà été adoptées. Par exemple, un nombre croissant de secteurs ont été ouverts à la création de petites entreprises privées. Des centaines de milliers de postes de fonctionnaires ont été fermés, et remplacés par des postes d’autoentrepreneurs.

Mais, comme nous l’expliquions déjà en 2010, le développement du secteur privé ne peut résoudre les problèmes de l’économie cubaine, car ce n’est pas la nationalisation de l’économie qui est la source de ces problèmes. Au contraire, l’introduction d’éléments de marché dans l’économie pose les bases d’un processus qui menace, à terme, tous les gains du passé. La restauration du capitalisme à Cuba aurait de très graves conséquences. Cela n’amènerait pas une amélioration des conditions de vie des masses cubaines, mais au contraire une détérioration encore plus profonde et rapide.

Défendons la révolution cubaine ! 

La menace qui pèse sur les conquêtes économiques et sociales héritées de la révolution cubaine est aujourd’hui plus forte que jamais. C’est l’isolement de Cuba qui en est la cause la plus fondamentale. L’expérience de l’URSS a démontré l’impossibilité de construire le socialisme dans un seul pays – a fortiori sur une petite île comme Cuba, dont les ressources sont limitées. Pendant la guerre froide, Cuba a pu bénéficier du soutien économique de l’URSS. Mais, après la chute de l’Union soviétique en 1991, l’île s’est retrouvée à nouveau isolée.

Cette contradiction est aggravée par le fait que l’économie n’est pas sous le contrôle direct des masses cubaines, mais sous celui d’une bureaucratie privilégiée. Cela entraîne – fatalement – corruption, mauvaise gestion et gâchis en tous genres. La lutte pour défendre l’économie planifiée est donc indissociable d’une lutte pour le contrôle ouvrier et la démocratie ouvrière. Les masses cubaines doivent pouvoir participer directement à l’organisation et la gestion de l’économie. C’est aussi la seule façon dont on peut mettre en échec les tendances favorables à la restauration capitaliste au sein de l’appareil d’Etat. Un récent mouvement contre la hausse des tarifs de télécommunication montre le potentiel d’une mobilisation de la classe ouvrière dans ce sens.

En définitive, l’avenir de Cuba se jouera sur la scène de la lutte des classes internationale. Seul le renversement du capitalisme et de l’impérialisme aux Etats-Unis, en Amérique latine, et dans le monde entier, peut garantir la survie de la révolution cubaine. L’Internationale Communiste Révolutionnaire participe à cette lutte dans tous les pays où nous sommes actifs, et rejette sans aucune équivoque l’agression impérialiste contre Cuba. Nous appelons les travailleurs et la jeunesse du monde entier à redoubler d’efforts dans la lutte pour défendre la révolution cubaine.

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