Le 10 février prochain, les délégués du 36e congrès du PCF éliront son Conseil National (CN). Actuellement composé de plus de 200 camarades, il se réunit plusieurs fois par an et a la responsabilité de fixer les grandes orientations programmatiques, stratégiques et tactiques du parti entre deux congrès. La qualité de la direction nationale est un facteur décisif dans l’action politique et le fonctionnement interne du parti. Tous les militants communistes ont donc intérêt à s’intéresser de près à la composition du Conseil National.
Dans un grand parti comme le PCF, il est normal que ses idées, son programme et sa stratégie donnent lieu à des divergences internes. Si elles font l’objet de débats fraternels et démocratiques, ces divergences peuvent servir à enrichir les discussions. Cela vaut aussi pour le Conseil National, dont la composition devrait refléter les principaux courants d’opinion existant au sein du parti. C’est d’ailleurs bien ce que prévoient les statuts : « La composition de [la] liste [du CN] doit assurer la juste représentation des différentes opinions exprimées dans les débats, afin que la très grande majorité des membres des congrès puisse en faire leur choix commun. […] Tous les efforts [doivent être] faits pour permettre l’adoption d’une liste commune… »
Malheureusement, il y a un gouffre entre ce point de nos statuts et la façon dont le CN a été composé lors des précédents congrès. Dans les faits, la « commission des candidatures » (constituée de dirigeants) qui composait la liste du CN ne tenait pas compte des « différentes opinions exprimées dans les débats » – et notamment des résultats du vote des militants sur les textes de congrès.
Prenons l’exemple du dernier congrès statutaire, le 34e, en 2008. Notre texte alternatif –Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme – avait recueilli 15 % des suffrages militants (5419 voix). Forts de ce résultat, nous avions proposé à Michel Laurent, membre de la commission des candidatures, que quatre initiateurs de notre texte alternatif figurent dans la liste proposée par le CN sortant. Quatre élus sur un CN de 200, c’est 2 % de ses membres, très loin des 15 % des voix qui se sont portées sur notre texte alternatif. Michel Laurent jugea cette proposition raisonnable et s’engagea à la présenter en commission des candidatures. Mais lors du congrès national, la liste proposée ne comprenait aucun des quatre noms proposés – ni celui d’aucun autre signataire de notre texte alternatif. Lors de la discussion du congrès sur l’élection du CN, les protestations de plusieurs délégués n’ont suscité aucune réponse des dirigeants du parti.
Lors du 34e congrès comme lors du 36e, nous n’avons pas présenté un texte alternatif en vue d’obtenir des sièges au CN. Nous l’avons fait dans le but de défendre nos idées marxistes. Mais la façon dont les dirigeants du parti écartent du CN des camarades dont les idées ont recueilli des milliers de suffrages militants est en contradiction avec les principes démocratiques les plus élémentaires – et avec les statuts du parti. C’est inacceptable.
Le 36e congrès du parti est l’occasion de corriger le tir. Initiateurs du texte alternatifCombattre l’austérité, en finir avec le capitalisme, qui a recueilli 3378 voix dans les sections (10 %), nous demandons aux dirigeants du parti qui siègent dans la commission des candidatures de tenir compte des résultats obtenus, non seulement par notre texte, mais par les trois textes alternatifs. Tous les courants d’opinion devraient être pris en compte dans la liste du CN proposée.
Nous avons expliqué nos divergences avec les idées contenues dans les deux autres textes alternatifs (ici et ici). Nous ne sommes pas d’accord avec ces deux textes sur des questions très importantes : le stalinisme, le programme, l’Europe et le Front de Gauche (entre autres). Il n’empêche que ces textes ont recueilli 11 % et 5,8 % des suffrages, soit respectivement 3694 et 1954 voix. Ces idées – comme les nôtres – ont donc une base réelle dans le parti : elles doivent être représentées au CN.
Liste alternative
Les statuts du parti prévoient que des délégués peuvent soumettre au vote du congrès des « listes alternatives » à celle présentée par le CN sortant. Si la commission des candidatures respectait les statuts et tenait compte des « différentes opinions exprimées » lors du vote interne sur les textes, il ne serait pas nécessaire de recourir à la démarche fastidieuse des listes alternatives. Ce qui pousse les camarades à déposer des listes alternatives, c’est précisément le fait que les dirigeants qui siègent dans la commission des candidatures ne tiennent pas compte de ce vote et de la diversité des opinions qui s’y exprime.
Rien ne garantit qu’il en sera autrement cette fois-ci, d’autant que la commission des candidatures a la possibilité de modifier la liste – et donc d’en retirer des noms – jusqu’à la toute dernière minute. Aussi, face à la possibilité que cette commission refuse, une fois de plus, de tenir compte du résultat du vote sur les textes, nous proposons que les initiateurs des trois textes alternatifs préparent une liste alternative commune, laquelle serait déposée au congrès si nécessaire.
Cette démarche n’enlève rien aux divergences politiques de fond qui existent entre notre texte alternatif et les deux autres. Ce que nous proposons ici aux camarades des deux autres textes alternatifs, c’est une démarche commune visant à garantir l’élection d’un CN représentatif du parti, dans l’hypothèse où la liste présentée par la commission des candidatures ne serait pas conforme à l’esprit des statuts. Nous espérons que les camarades des autres textes alternatifs auront à cœur, comme nous, d’œuvrer au respect de la démocratie interne dans notre parti. Mais encore une fois, nous demandons surtout que la direction du parti assume ses propres responsabilités dans ce domaine.
GO (PCF Paris 10e), Jérôme Métellus (PCF Paris 18e), Hubert Prévaud (PCF Toulouse)