En l’espace de 20 mois, le gouvernement Raffarin a lancé toute une série d’attaques majeures contre les droits et les conditions de vie de la vaste majorité de la population. Il accomplit à un rythme particulièrement rapide ce qui constitue l’essentiel de sa mission : placer la crise du système capitaliste sur les épaules des salariés, des chômeurs, des étudiants, des retraités et en général des plus démunis, de façon à sauvegarder les marges de profit du patronat.
Pour quiconque comprend cela, il doit être également clair que la droite ne prépare rien d’autre, pour les années à venir, qu’une intensification de cette politique de régression sociale. Dans toutes les régions et départements que la droite remportera aux prochaines élections, elle y appliquera le même programme réactionnaire qu’à l’échelle nationale. Les budgets sociaux seront amputés et la fiscalité administrée au profit des employeurs. Face à cette perspective, tous ceux qui luttent contre le politique du gouvernement doivent aborder ces élections avec pour mot d’ordre : battre la droite dans le plus grand nombre de régions et départements !
Outre le fait qu’elle écarterait la droite des instances politiques locales concernées, une victoire de la gauche à ces élections aurait pour effet de renforcer la confiance du salariat, et en particulier de tous ceux qui luttent contre la politique gouvernementale. Cela fragiliserait Chirac et ses ministres, et constituerait une étape importante dans la reconquête du pouvoir par la gauche.
François Hollande et Marie-George Buffet expliquent tous deux qu’il faut « sanctionner la droite ». Certes. Cependant, il ne nous paraît pas suffisant de s’en tenir là. De nombreux étudiants, salariés et chômeurs se posent la question : « sanctionner la droite, oui, mais pour mettre quoi à la place ? » Il leur faut une réponse claire. Ils ne se laisseront pas tous séduire par les quelques promesses de petites réformes avec lesquelles les dirigeants du PS et du PCF ont élaboré leur programme. Après les années du gouvernement Jospin - lui aussi « sanctionné » en avril 2002 - le réformisme particulièrement timide que proposent les directions du PS et du PCF risque fort de se heurter au scepticisme de bon nombre de gens qui, pourtant, ne ressentent aucun enthousiasme pour la droite.
De fait, étant donnée la gravité de la crise actuelle du capitalisme, la marge de manœuvre pour des réformes est extrêmement étroite. La classe capitaliste tente désespérément de restaurer un certain équilibre économique, et, ce faisant, n’est pas disposée à faire des concessions. Autrement dit, les bases matérielles d’une politique réformiste font défaut. Cela ne signifie pas, bien sûr, qu’il faille renoncer à lutter contre les attaques du patronat ou pour des avancées sociales. Mais il faut en même temps expliquer que, dans le contexte actuel, rien de ce qui sera gagné ne sera durablement acquis tant que les principaux leviers de l’économie - les banques, la grande industrie et les réseaux de distributions - ne seront pas arrachés des mains de leurs grands patrons et placés sous le contrôle démocratique des travailleurs. Si les directions du PS et du PCF adoptaient ce programme et en expliquaient patiemment la nécessité aux millions de gens que frappe la crise du capitalisme, il ne fait aucun doute qu’elles rencontreraient un écho favorable parmi un nombre croissant de jeunes et de salariés. On pourrait alors envisager, non seulement d’écarter la droite du pouvoir, mais également d’en finir avec le système capitaliste lui-même.
Le PS et le PCF
La Riposte fait partie intégrante du mouvement communiste. Nous souhaitons que le plus grand nombre de voix se portent sur les listes PS-PCF, ou sur les listes du PCF lorsque celui-ci se présente sans le PS au premier tour. Au deuxième tour, tous ceux qui veulent faire échec à la droite doivent rejeter les appels irresponsables à l’abstention que formulera l’extrême gauche, et doivent appeler à voter pour la liste de gauche, que le PCF y soit ou non.
Dans certaines régions du pays, le PCF a choisi de faire liste à part. La direction du parti présente cette option stratégique comme découlant d’une volonté de rompre avec le réformisme du PS. Or, il ne faut pas trop demander à une stratégie électorale, quelle qu’elle soit. La question fondamentale est celle du programme du PCF. En réalité, aussi longtemps que ce programme demeurera ce qu’il est, c’est-à-dire un réformisme vidé de toute substance communiste et n’ouvrant pas de perspective de transformation révolutionnaire de la société, aucune stratégie électorale ne pourra mener à un renforcement significatif du parti. Aucune stratégie ne pourra compenser un mauvais programme. En conséquence, la remise en cause du contenu du programme du PCF doit être le point de départ de toute stratégie sérieuse visant à renforcer sa position. C’est là qu’est la clé de son « identité » - et nulle part ailleurs. Il revient aux militants du PCF de rétablir les idées du socialisme authentique - le marxisme - dans le programme et les principes que défend le parti.
A défaut d’un changement radical dans le programme du PCF, le rapport de force entre lui et le PS évoluera nécessairement à l’avantage de ce dernier, et ce indépendamment des choix stratégiques qui sont faits en termes d’accords électoraux. Lorsque l’électorat doit choisir entre deux partis dont les programmes, sans être identiques, sont les mêmes sur les questions de fond, c’est inévitablement le plus grand des deux qui a tendance à prendre le dessus, car c’est lui qui apparaît comme le plus à même de faire barrage à la droite. Cette loi politique, qui explique pour une bonne part le déclin du PCF face au PS, a d’ailleurs reçu une nouvelle illustration, en Espagne, avec le recul du Parti Communiste Espagnol aux dernières législatives.
Au PCF, comme au PS et dans le mouvement syndical, l’heure est à la mobilisation contre la classe capitaliste et son gouvernement. Il y a urgence. La droite ne perd pas de temps et prépare des contre-réformes majeures : contre les services publics, l’assurance maladie, l’éducation, le code du travail, etc. Les élections qui viennent sont une occasion de porter un coup sérieux à la droite. Nous devons la saisir. Mais il est également grand temps de renouer avec la perspective d’une rupture avec le système capitaliste - c’est-à-dire avec un véritable programme socialiste.