Le 5 avril dernier, l’Assemblée nationale a voté une loi qui modifie les règles de l’élection présidentielle. Jusqu’à présent, lors de la campagne électorale officielle (les cinq semaines précédant le scrutin), les chaînes de télévision et les radios étaient obligées de pratiquer l’égalité du temps de parole de tous les candidats. Désormais, ce principe d’« égalité » est remplacé – pendant trois semaines sur cinq – par le principe d’« équité » : les médias détermineront le temps de parole des candidats sur la base de leurs résultats antérieurs et des sondages. Cela pénalisera les candidats issus des petits partis, au profit de tous ceux – PS, LR et FN – qui sont déjà invités dans les grands médias, toute l’année.
C’est l’objectif clairement affiché. Un député PS a reconnu que cette réforme avait pour but d’enlever du temps de parole à des gens comme Philippe Poutou, candidat du NPA en 2012 et pour 2017. C’est du mépris de classe pur et simple : ces politiciens professionnels sont convaincus d’être les seuls aptes à diriger la société et entendent que personne ne vienne les contester, même une fois tous les cinq ans.
Cette réforme porte aussi sur les fameuses « 500 signatures » d’élus nécessaires pour être officiellement candidat. Ces signatures seront dorénavant toutes publiques, exposant les parrains, maires ou autres élus, à des pressions. Par exemple, des subventions pourraient être refusées aux maires ayant choisi de parrainer le « mauvais » candidat.
A un an de la présidentielle, ces mesures ont un objectif unique : empêcher ou limiter autant que possible l’apparition de candidats contestataires – surtout à gauche, puisque le FN ne sera pas pénalisé par ces mesures. Le fait qu’elles soient adoptées en plein mouvement contre la loi Travail est significatif. Dans plusieurs pays, la mobilisation contre les politiques d’austérité est passée de la rue aux urnes (Syriza, Podemos). C’est ce que redoute le PS. Mais ces mesures antidémocratiques, validées depuis par le Conseil Constitutionnel, s’avéreront impuissantes, au final. Elles n’empêcheront pas la radicalisation politique de s’exprimer. Au contraire, elles alimenteront cette radicalisation en soulignant, une fois de plus, le caractère frauduleux de la « démocratie » capitaliste.