Le 11 avril, le journal catalan La Directa a révélé que le journaliste Jesus Rodriguez avait été contraint à l’exil par les poursuites arbitraires de la justice espagnole, qui l’accuse de « terrorisme ». Comme lui, de nombreux journalistes, militants ou simples citoyens sont actuellement poursuivis pour avoir participé au « Tsunami démocratique ». A l’automne 2019, ce mouvement avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans des grèves et des manifestations pacifiques, pour protester contre la condamnation à des peines de prison des organisateurs du référendum d’autodétermination de la Catalogne en 2017.
L’accusation portée contre Jesus Rodriguez s’appuie sur le fait qu’il savait à l’avance que les manifestations du Tsunami démocratique allaient se tenir et qu’il n’en a pas informé les autorités judiciaires ou policières de l’Etat espagnol. Dans son affaire comme dans bien d’autres, le dossier de l’accusation repose en grande partie sur des écoutes téléphoniques réalisées à une échelle massive et visant des militants, des journalistes ou des partis politiques. Ces poursuites judiciaires représentent une attaque frontale contre les droits démocratiques les plus élémentaires, qu’il s’agisse du droit à l’autodétermination, du droit de manifester ou de la liberté de la presse.
Cette affaire doit être replacée dans le contexte politique actuel de l’Etat espagnol. Alors que la crise et l’inflation sapent les salaires, le gouvernement dirigé par le PSOE a essayé de se donner des airs de « progressisme » en faisant passer une loi d’amnistie pour tous les participants au référendum de 2017 et aux mobilisations qui ont suivi. La droite et l’extrême droite, mais aussi l’appareil policier et judiciaire, y sont résolument hostiles. Loin de se plier à la loi votée au Parlement, le juge chargé de l’affaire a intensifié les poursuites, sans que le gouvernement ne réagisse. Derrière leurs grands discours, les dirigeants du PSOE restent de fidèles défenseurs du régime de 1978 et de l’impérialisme espagnol.
Comme le disent nos camarades de l’Organizacion Comunista Revolucionaria (la section de la TMI en Espagne), il s’agit, en dernière analyse, d’une question de classe. Pour en finir avec l’appareil d’Etat hérité du franquisme et défendre les droits démocratiques et les conditions de vie des travailleurs, il faut une mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière contre le capitalisme espagnol !