Alors qu’approche le troisième anniversaire du référendum sur le Brexit, la Grande-Bretagne est toujours membre de l’UE – et dans l’impasse politique. Faute d’obtenir une majorité parlementaire sur l’accord qu’elle a négocié avec Bruxelles, la Première ministre Theresa May a dû solliciter un nouveau report de la date officielle de sortie de l’UE. Ce sera – ou plutôt ce serait, car rien n’est moins sûr – le 31 octobre 2019.
En théorie, ce pourrait même être avant cette date, si Theresa May, d’ici là, trouvait enfin une majorité de députés pour soutenir son accord. On ne peut l’exclure, mais cela semble improbable. Les députés conservateurs – qui sont profondément divisés – ont eu tout le temps de trouver une solution, mais n’y sont pas parvenus. En conséquence, la Grande-Bretagne va sans doute participer aux élections européennes de juin prochain, trois ans après le référendum du 23 juin 2016 !
De nombreuses voix s’élèvent – chez les Conservateurs comme dans l’opposition – pour organiser un deuxième référendum. Mais ce serait un pari extrêmement risqué : si un deuxième vote confirmait le résultat du premier, il rendrait inévitable un « Brexit dur », dont ne veulent ni la classe dirigeante britannique, ni l’UE.
Elections anticipées ?
En désespoir de cause, Theresa May a brièvement tenté de négocier avec Jeremy Corbyn, le chef du parti travailliste (Labour), en vue d’un Brexit « soft ». Puisque son parti n’accepte pas ses plans, peut-être que l’opposition jouera le jeu et votera pour elle ?
Corbyn a fini par refuser, après des hésitations inutiles et contre-productives. Le fait est que seules de nouvelles élections législatives peuvent sortir le Brexit de son impasse actuelle. Des élections anticipées auraient déjà été organisées, d’ailleurs, si les Conservateurs ne redoutaient pas la probable victoire du Labour.
Jeremy Corbyn, qui bénéficie d’un soutien massif dans la jeunesse et le salariat, ne doit pas attendre le terme officiel du mandat des Conservateurs. Il ne doit pas se limiter aux manœuvres parlementaires. Il doit appeler à une vaste campagne extra-parlementaire – avec grèves et manifestations – pour des élections législatives anticipées, tout en défendant un programme de rupture avec le capitalisme britannique. Il n’y aura pas de solution aux problèmes des jeunes et des travailleurs britanniques sur la base du capitalisme, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE.