Après 14 années de pouvoir marquées par de brutales attaques contre la classe ouvrière, le Parti conservateur a subi une défaite historique, sa plus importante depuis près de deux siècles. Le déclin abyssal du parti traditionnel de la bourgeoisie britannique reflète la crise profonde dans laquelle celle-ci se débat.
Rejet massif et radicalisation
Sans surprise, le Parti travailliste de Keir Starmer a été le grand bénéficiaire du déclin des « Tories ». Mais son écrasante nouvelle majorité au Parlement ne doit pas faire illusion. Sur fond d’abstention record (la plus élevée depuis 1945), les Travaillistes ont en fait reçu un nombre de voix moins important qu’en 2019, représentant à peine 20 % de l’électorat global. Ils ont surtout bénéficié de la division des voix entre les Conservateurs et le parti d’extrême-droite de Nigel Farage, Reform UK. A eux deux, ces partis ont reçu plus de voix que les Travaillistes.
Une large couche de la population rejette également tous les grands partis politiques. Un électeur interrogé à la sortie d’un bureau de vote le résumait crûment : « C’est comme essayer de choisir quelle MST [maladie sexuellement transmissible] vous préférez ».
Pour rassurer la bourgeoisie, Keir Starmer a plusieurs fois adopté des positions identiques ou très proches de celles des Conservateurs, notamment sur l’immigration, la politique budgétaire ou la guerre à Gaza. De nombreux électeurs ont donc préféré soutenir des candidats indépendants, dont beaucoup étaient pro-Palestiniens. L’ancien dirigeant du Parti travailliste Jeremy Corbyn, exclu par la direction droitière de Starmer sur de fausses accusations d’antisémitisme, a d’ailleurs été réélu comme « indépendant » à une large majorité.
Reflet de la radicalisation qui s’exprime sur la gauche, la candidature de notre camarade Fiona Lali, du Parti communiste révolutionnaire (PCR), a recueilli 1 791 voix, soit 4,1 % des suffrages, dans une circonscription de la banlieue de Londres. Des centaines de personnes se sont inscrites pour participer à sa campagne et nombre d’entre elles ont depuis rejoint le PCR.
Après la fondation de leur parti en mai, nos camarades britanniques ont décidé de présenter la candidature de Fiona pour sonder l’humeur des masses et lever le drapeau de la révolution. Cette campagne a été un succès notable, mais aussi une expérience importante pour nos camarades alors que des luttes très dures se préparent.
Gouvernement de crise
Rishi Sunak a fait ses bagages et quitté le 10 Downing Street tandis que Keir Starmer se précipitait pour prêter allégeance au roi Charles III et solliciter sa permission pour former un gouvernement. Mais ce sera un gouvernement en crise dès son entrée en fonction.
Les vagues espoirs que le Parti travailliste pourrait apporter quoi que ce soit de positif aux travailleurs seront vite douchés. Starmer est un fidèle défenseur des intérêts de la bourgeoisie britannique. Il va continuer à armer la machine de guerre israélienne alors que celle-ci massacre les Gazaouis ; il va continuer à suivre les moindres diktats de l’impérialisme américain ; et il va poursuivre les politiques économiques austéritaires mises en place par les Conservateurs, car elles correspondent à ce dont la bourgeoisie a besoin pour maintenir ses profits. Un porte-parole travailliste a d’ailleurs déclaré que « l’approche quant aux dépenses publiques sera basée sur de strictes règles budgétaires, qui détermineront toutes les décisions du gouvernement ».
En continuant la politique austéritaire et réactionnaire des Conservateurs, le gouvernement travailliste va pousser la classe ouvrière dans une lutte pour défendre ses conditions de vie. Starmer sera vite aussi détesté que le sont aujourd’hui les Conservateurs.
Le mouvement ouvrier doit se mettre sur le pied de guerre. Les dirigeants syndicaux doivent se préparer à mobiliser largement la classe ouvrière. La soi-disant « aile gauche » du parti travailliste doit arrêter de se cacher derrière son petit doigt et s’opposer à Starmer. Le temps des atermoiements est fini. Après plus d’une décennie d’attaques, de stagnation et de déclin, la classe ouvrière doit refuser de payer le prix de la crise du capitalisme.
Construire le parti révolutionnaire
Le PCR va se baser sur le succès de la campagne de Fiona Lali pour aider à construire un mouvement qui puisse résister aux attaques du gouvernement Starmer. Pour combattre la bourgeoisie britannique, son régime politique et son appui au génocide à Gaza, nos camarades ont lancé une campagne nationale contre le militarisme et l’impérialisme. Ils souhaitent ainsi forger un front unique avec tous ceux qui veulent lutter contre Starmer et les autres criminels de guerre de la classe dirigeante britannique.
La situation en Grande-Bretagne est en train de changer brutalement. La période qui s’ouvre sera faite de mobilisations tumultueuses qui auront un impact sur la conscience des masses, à commencer par celle de la jeunesse. Dans une telle époque révolutionnaire, il est vital de construire un parti révolutionnaire en amont des grands soulèvements qui se préparent, pour être prêts lorsqu’ils éclatent. C’est à cette tâche historique que se sont attelés nos camarades du PCR !