D’après nos camarades du Revolutionary Communist Party
Le week-end du 3 et 4 août, une vague de barbarie s’est abattue sur la Grande-Bretagne. Dans plusieurs villes, des bandes fascistes sont descendues dans les rues pour attaquer des immigrés, des musulmans ou des membres d’autres minorités.
A Hull et à Liverpool, les fascistes ont attaqué des résidences d’accueil pour réfugiés et des centres associatifs. A Rotherham, une foule d’environ 700 personnes masquées a pris d’assaut puis incendié un bâtiment qui accueillait des réfugiés. A Manchester, une bande a violemment battu une personne noire sous le regard passif de la police.
Hypocrisie
Ces scènes de chaos ont semé la panique parmi la classe dirigeante et ses politiciens. Ce n’était pas du tout comme cela que « Sir » Keir Starmer et son gouvernement avaient imaginé leurs premières semaines au pouvoir. Les travaillistes avaient promis à la bourgeoisie qu’ils incarneraient le retour à la stabilité et à la « normalité », après les années de crise politique qui ont suivi le référendum sur le Brexit en 2016. Au lieu de ça, ils récoltent les fruits de l’incessante propagande raciste promue par la classe dirigeante britannique et par les partis politiques qui sont à son service.
Les Conservateurs, en particulier, ont multiplié les provocations et les lois xénophobes ces dernières années. Mais Starmer leur a emboîté le pas depuis qu’il est arrivé à la tête du parti travailliste. Durant la récente campagne électorale, il a par exemple promis qu’il « renverrait les Bangladais d’où ils viennent » et qu’il « stopperait les bateaux » de réfugiés. Aujourd’hui que des bandes fascistes attaquent les immigrés qu’ils ont désignés comme des cibles, ces politiciens hypocrites rejettent toute responsabilité.
Le gouvernement a promis d’avoir recours à « toutes les mesures nécessaires » pour restaurer l’ordre. Mais les travailleurs et la jeunesse ne doivent se faire aucune illusion à ce sujet. L’appareil de l’Etat, la police et la justice existent avant tout pour protéger le pouvoir de la classe dirigeante. Toutes les mesures de répression qui pourraient être mobilisées aujourd’hui contre l’extrême droite par l’Etat bourgeois seront utilisées contre la classe ouvrière dès que celle-ci se mettra en mouvement pour défendre ses conditions d’existence.
Par ailleurs, la police, qui est un des piliers d’un système qui promeut le racisme, est elle aussi profondément raciste. Une vidéo est venue le rappeler il y a quelques semaines à peine : on y voyait un policier donner de violents coups de pied dans la tête d’un jeune homme d’origine immigrée, alors même que celui-ci était couché au sol après avoir déjà reçu une décharge de Taser.
Pour repousser les fascistes, les travailleurs et la jeunesse ne doivent compter ni sur la police, ni sur le gouvernement de « Sir » Keir Starmer, mais uniquement sur leurs propres forces.
Autodéfense ouvrière
Dans beaucoup de villes, des groupes de militants ou de jeunes se sont organisés spontanément pour défendre leurs quartiers contre les attaques fascistes. Malheureusement, le mouvement ouvrier ne s’est pas impliqué de façon coordonnée et organisée dans ces efforts d’autodéfense. Pire, plusieurs de ses dirigeants ont critiqué ces initiatives et ont condamné la violence « des deux côtés », au nom de la « modération » et de « l’unité ». Les dirigeants réformistes du mouvement ouvrier s’imaginent qu’il est possible de repousser les attaques fascistes par des appels moralisateurs au « vivre-ensemble ». Ils placent leur confiance dans les institutions de l’Etat bourgeois, qui comptent pourtant parmi les principaux pourvoyeurs du racisme. Cette voie est une impasse mortelle !
Si le mouvement ouvrier ne se mobilise pas pour arrêter les groupes d’extrême droite, ceux-ci n’en deviendront que plus audacieux et multiplieront leurs attaques. Au lieu d’abandonner à elles-mêmes les initiatives d’autodéfense courageuses des habitants des quartiers attaqués, le mouvement ouvrier et les syndicats devraient leur apporter leur appui. Il faut leur fournir un soutien matériel et financier, établir des comités de défense et organiser de véritables campagnes antifascistes, pour mobiliser massivement la jeunesse et les travailleurs.
Les groupes fascistes sont encore très faibles numériquement. De son côté, la classe ouvrière dispose de réserves de forces considérables, comme l’ont montré les manifestations antiracistes massives qui ont suivi les attaques. Si le mouvement ouvrier mobilisait toutes ses forces dans cette lutte, les fascistes pourraient être facilement écrasés.
Mais cela ne suffirait pas à les faire totalement disparaître. Au même titre que la multiplication des guerres et la montée de démagogues réactionnaires comme Trump ou Le Pen, ces émeutes racistes sont une conséquence du capitalisme en crise. C’est le système capitaliste qui crée la pauvreté et la misère sur lesquelles prospère l’extrême droite. Ce sont les politiciens et les propagandistes au service de la classe dirigeante qui répandent sans cesse le poison du racisme pour monter les travailleurs les uns contre les autres. Ce n’est qu’en renversant ce système en décadence et en construisant une société socialiste que l’on pourra faire disparaître définitivement le fascisme et le racisme.