Depuis l’élection de Keir Starmer à la tête du Parti travailliste (Labour), le 4 avril dernier, l’aile droite du parti mène une offensive implacable contre l’aile gauche. L’ancien dirigeant du parti, Jeremy Corbyn, qui venait de l’aile gauche, a été suspendu par la direction. Puis, après sa réadmission sous la pression de la base, il a été exclu du groupe parlementaire du Labour.
Dans tout le pays, des responsables locaux ont été suspendus parce qu’ils contestaient le virage droitier que Starmer et sa clique imposent au Labour. Plus généralement, la nouvelle direction cherche à démoraliser et à pousser vers la sortie des milliers de militants qui contestent la « ligne ». Cette ligne consiste en une soi-disant « opposition constructive » au gouvernement conservateur de Boris Johnson. Autrement dit, sur toutes les questions qui touchent aux intérêts fondamentaux de la bourgeoisie britannique, Keir Starmer soutient la politique réactionnaire du gouvernement.
Sabotage
L’aile droite du Labour, héritière de Tony Blair, n’a jamais accepté le virage à gauche que Jeremy Corbyn a initié lorsqu’il avait pris la tête du parti, en 2015. Elle s’est livrée à un travail de sape incessant – auquel Corbyn, malheureusement, a laissé le champ libre, se contentant de prôner « l’unité du parti » avec une aile droite qui, de son côté, faisait tout pour le renverser. Par exemple, l’aile droite porte une lourde responsabilité dans la défaite du Labour aux élections législatives de décembre 2019. Elle a fait campagne contre le programme officiel du parti. Elle préférait un gouvernement conservateur à un gouvernement de gauche dirigé par Corbyn.
A présent qu’elle a repris le contrôle du parti, l’aile droite y organise une véritable purge de la gauche. Elle mène une politique de la terre brûlée. Elle veut rendre le parti plus « sûr » pour la classe dirigeante britannique, c’est-à-dire éviter qu’il ne rebascule à gauche.
Contre-offensive
Dans ce contexte, l’aile gauche du parti a décidé de lancer une contre-offensive. En janvier, la section de la TMI en Grande-Bretagne, Socialist Appeal, qui est active dans le Labour, a proposé à toute la gauche du parti de faire une grande campagne pour obliger la direction à convoquer un « Congrès extraordinaire » du Labour. Prévu par les statuts du parti en cas de conflit interne sans issue, un tel Congrès permet de redonner la parole aux militants.
L’initiative de nos camarades britanniques a rencontré un puissant écho dans la gauche du parti. Des courants de gauche et plusieurs syndicats – dont la plupart sont membres du Labour – ont accepté avec enthousiasme de faire campagne pour un Congrès extraordinaire. Désormais, la campagne bat son plein. Dans tout le pays, des résolutions sont discutées et votées pour exiger que la direction du parti convoque rapidement un Congrès extraordinaire. Cette campagne permet de remobiliser les forces de la gauche du parti, qui étaient sur la défensive, ces derniers mois.
En 1995, Tony Blair avait convoqué son propre Congrès extraordinaire pour se débarrasser de la « Clause 4 », qui stipulait que le Labour luttait pour la nationalisation des grands moyens de production. L’aile gauche du Labour a besoin de son propre Congrès extraordinaire, mais cette fois-ci pour mettre un coup d’arrêt à l’offensive de l’aile droite, restaurer la démocratie interne et réintégrer tous ceux qui ont été suspendus de manière arbitraire et bureaucratique.
Il est grand temps que les militants reprennent le contrôle du parti. C’est à eux de décider qui doit diriger le parti et sur quel programme. Une fois débarrassé de son aile droite, le Labour sera en mesure de rassembler la classe ouvrière britannique sur un programme offensif et radical.