Lors de sa visite en Israël le 25 octobre dernier, Emmanuel Macron avait insisté pour « rappeler devant tous le droit légitime d’Israël de se défendre ». Il avait même proposé de mobiliser une « coalition internationale » pour combattre le Hamas ! La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’était quant à elle rendue en Israël quelques jours avant. Le 23 octobre, elle y avait proclamé son « soutien inconditionnel » à un « pays ami », avant de se faire photographier aux côtés de soldats israéliens. A ce moment-là, près de 10 000 Palestiniens, dont 4 000 enfants, avaient pourtant déjà été tués par l’armée israélienne.
Depuis, le massacre à Gaza s’est poursuivi sans interruption et suscite une indignation croissante de la jeunesse et de la classe ouvrière à l’échelle mondiale. Macron et le gouvernement français ont été contraints de modérer leur soutien à Israël, au moins en paroles. Ils n’en continuent pas moins à soutenir la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza.
Hypocrisie
Au téléphone avec Benyamin Netanyahou, le 24 mars, Emmanuel Macron aurait appelé à « un cessez-le-feu immédiat et durable » et affiché « sa ferme opposition » à une offensive israélienne sur Rafah. Mais il y a loin de la parole aux actes. Les entreprises françaises continuaient – et continuent encore – d’envoyer des composants de munitions à l’industrie israélienne de l’armement, avec l’approbation du gouvernement.
Fin janvier, le gouvernement israélien affirmait qu’une dizaine d’employés de l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens), sur les plus de 13 000 qu’emploie l’agence, auraient été impliqués dans les attaques du Hamas le 7 octobre. Peu importe au gouvernement français qu’Israël n’ait apporté aucune preuve pour étayer ces accusations : le 28 janvier, le Quai d’Orsay annonçait que la France allait suspendre son financement à l’UNRWA. L’agence fournit pourtant une aide vitale (logement, soins médicaux) à 2 millions de personnes à Gaza ! Fin mars, ce financement n’a toujours pas été rétabli. Macron peut bien verser des larmes de crocodile sur les souffrances des Gazaouis, il en est un des responsables.
Répression et calomnie
Les déclarations récentes de Macron n’ont pas non plus changé quoi que ce soit à la répression et aux calomnies qui visent le mouvement de solidarité avec la Palestine. Le 20 octobre, le secrétaire général de la CGT du Nord était placé en garde à vue pour avoir publié un communiqué soulignant la responsabilité de l’occupation israélienne dans les attaques du 7 octobre et appelant à un « cessez-le-feu ». Les poursuites contre lui sont toujours en cours. Le 28 mars, un tribunal a même demandé qu’il soit condamné à un an de prison avec sursis !
Macron et son gouvernement ne sont pas les seuls en cause. Tous les médias de la bourgeoisie et la plupart des grands partis politiques ont constitué un nouvel « arc républicain », qui court de Glucksmann à Le Pen, pour dénoncer comme des antisémites et des partisans du terrorisme islamiste tous ceux qui soutiennent la lutte du peuple palestinien.
Le 12 mars, un amphithéâtre de Sciences Po Paris était occupé par un collectif de soutien à la Palestine. La presse bourgeoise a accusé les étudiants mobilisés d’avoir empêché une étudiante pro-israélienne de rentrer dans l’amphi parce qu’elle était juive. Ces allégations ont été rapidement démenties par l’étudiante elle-même. Mais qu’importent les faits ! Le président du Sénat, Gérard Larcher, a affirmé que Sciences Po Paris était devenu « un bunker islamo-gauchiste », tandis que, sur CNews, l’essayiste Chloé Morin concluait que ce « problème » (imaginaire, donc) découle du fait qu’à Sciences Po « la moitié des étudiants sont étrangers ». Pour ceux qui n’auraient pas compris, le Journal du Dimanche a précisé que nombre des étrangers en question viennent « des pays arabes ».
Une question de classe
Macron peut se dire « indigné » par les massacres de civils, regretter la mort de « ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées » et tonner contre Netanyahou. La classe dirigeante française et son gouvernement n’en contribuent pas moins activement au massacre. En réprimant le mouvement de solidarité, en aidant à affamer les réfugiés palestiniens, et en livrant des armes à Israël, l’impérialisme français est complice du génocide à Gaza.
Au passage, la bourgeoisie française utilise cette guerre pour alimenter sa propagande raciste contre les immigrés et les musulmans, pour attaquer les organisations du mouvement ouvrier, et pour s’en prendre aux droits démocratiques. C’est une question de classe : le patronat français a intérêt à alimenter le racisme et à calomnier la gauche, pour diviser les travailleurs.
C’est sur ce terrain que doit s’exercer la riposte. Face au massacre des Palestiniens, nous ne pouvons placer aucune confiance en Macron et ses larmes de crocodile. La meilleure façon dont nous pouvons aider la lutte des Palestiniens est une mobilisation de masse des travailleurs et de la jeunesse contre la classe dirigeante française et son gouvernement.