L’offensive du gouvernement et du patronat redouble d’intensité. Dans le public comme dans le privé, tous les moyens sont bons pour réduire les effectifs et augmenter la pression sur les travailleurs. La Santé publique et l’Education nationale, comme l’ensemble de ce qui reste des services publics, sont asphyxiées par le manque de moyens. Dans le secteur industriel, les patrons exercent un chantage permanent contre les travailleurs. Ils répondent aux revendications par des menaces de délocalisation ou de cessation d’activité. Et ce ne sont pas que des menaces. La désindustrialisation de la France, en cours depuis de nombreuses années, s’accélère.
Les retraites sont de nouveau dans le collimateur, et le resteront – que personne ne se fasse la moindre illusion là-dessus – jusqu’à ce que le patronat et les gouvernements à sa botte les aient complètement supprimées au profit des assurances privées. Le gouvernement coupera les allocations des chômeurs qui rechignent à accepter des salaires de misère. Ceci exercera une pression supplémentaire sur tous les salaires. Le travailleur payé « correctement » sera mis encore plus directement en concurrence avec le chômeur affamé qui craint de se retrouver à la rue – tout comme il se trouve confronté à la concurrence de travailleurs plus facilement intimidés et corvéables, parce que sans-papiers. C’est pour cette raison, entre autres, que la lutte pour la régularisation des travailleurs sans papiers concerne tous les travailleurs.
Sarkozy et Fillon se réjouissent des chiffres officiels de la « croissance » de 2007, revus à la hausse au bon moment par la direction de l’INSEE. Mais cela change quoi ? La hausse des prix – nettement plus grave que ne le laissent croire les statistiques du gouvernement – dévalorise le travail de tous. On doit travailler toujours plus, et souvent plus longtemps, pour sortir à la fin du mois avec une paye qui vaut toujours moins. La hausse des prix est due, pour une très large part, à l’avarice capitaliste. Comment se fait-il que les produits fabriqués désormais en Chine ou en Afrique – où les salaires sont pitoyables – se vendent toujours plus cher en France ? Les marges de profit augmentent au détriment du consommateur. Le cas des marins pêcheurs – pris à la gorge par les quotas, le prix du gasoil et ce que leur rapporte la vente du poisson aux distributeurs – est un bon exemple. Ils partent en mer pour toucher une solde proche de zéro et parfois même négative, alors que le prix du poisson, dans les magasins, ne cesse de grimper. La flambée des prix et des loyers, la précarité croissante de l’emploi se traduisent par une baisse importante du niveau de vie de la masse de la population.
Ceci ne fait que souligner la nécessité d’un programme général visant à briser le pouvoir économique des capitalistes. Ce n’est que de cette façon qu’il sera possible de soulever un mouvement de résistance massif. La stratégie syndicale qui consiste à négocier avec le patronat et le gouvernement « dossier par dossier » n’est pas efficace. Cette approche a mené d’échec en échec. Dans Le Figaro, Raymond Soubie, conseiller de Sarkozy, glose sur la manière dont les directions syndicales se laissent prendre dans les filets des « négociations ». L’éditorialiste Charles Jaigu a détaillé la méthode du gouvernement. D’abord « noyer l’adversaire sous un grand nombre de dossiers ». Ensuite « écouter, recevoir et traiter les partenaires sociaux [afin de] changer de ton, mettre du liant. » Finalement, « imposer des ultimatums » en précisant que « vous avez trois mois pour trouver un accord, sinon nous nous substituons à vous. » [1] Ainsi se résume, avec un parfait cynisme, le piège dans lequel les dirigeants syndicaux, y compris ceux de la CGT, se sont laissés enfermer. Comme nous l’avons toujours dit dans ce journal, le but de ces « négociations » n’est autre que de paralyser les syndicats, de gagner du temps. Et ce que le gouvernement fait mine de céder, sur tel ou tel point secondaire, fera l’objet d’une nouvelle réforme quelques mois plus tard. C’est ainsi avec les retraites, avec les 35 heures et les nouvelles mesures répressives à l’encontre des chômeurs.
La direction de la CGT devrait renoncer à ces négociations factices, se tourner vers les syndicalistes de base et s’efforcer d’unir toutes les catégories de travailleurs pour préparer une contre-offensive massive autour d’une plate-forme commune de revendications. Cette plate-forme devrait englober les revendications salariales, la défense des retraites et des services publics, les droits des travailleurs, etc.
Le rôle du PCF
La lutte contre la régression sociale doit également trouver une expression politique. Le Parti Socialiste est paralysé par la politique pro-capitaliste de sa direction, qui ne cesse de souligner son accord avec les aspects les plus importants de la politique du gouvernement. Il revient donc au PCF de fournir un programme combatif et révolutionnaire, un programme qui se distingue très nettement du « réformisme sans réformes » du PS, ce qui n’est pas le cas de son programme actuel. Le parti a besoin d’un programme qui défend les intérêts des travailleurs en matière de salaires, de conditions de travail, de logement, de services publics, de retraites, de lutte contre le racisme, etc. Mais cela ne suffit pas. Le PCF doit expliquer que toutes les conquêtes sociales du passé seront constamment menacées tant que les capitalistes conserveront leur emprise sur la production, sur la distribution, les services et le système bancaire. Il est donc impératif d’en finir avec le système actuel. Cela signifie l’expropriation des capitalistes. Le PCF doit se présenter comme le parti qui propose une alternative révolutionnaire au capitalisme, le parti qui veut réaliser le socialisme.
[1] Sarkozy et les syndicats : les fils secrets du dialogue. Charles Jaigu, Le Figaro du 22 mai 2008.