« Sarkozy est avec les salariés »

Avant les élections présidentielles, tous les candidats se sont emparés du dossier Airbus, le sujet brûlant de la campagne, avec l’annonce de 10 000 suppressions de postes et la vente d’usines entières. C’est un sujet que le candidat Sarkozy n’a pas voulu laisser échapper. Il déclarait, avant les élections, ne pas se sentir tenu par le plan social Power 8. Il s’opposait également à la vente du site de Méaulte.

Juste après les élections, le 18 mai, le président Sarkozy déclarait accorder toute sa confiance au PDG Gallois pour appliquer le plan Power 8 et organiser les 10 000 suppressions de postes. La vente des sites, notamment de Méaulte, était selon lui devenue incontournable.

« Sarkozy et Merkel ont réglé le problème »

Au cours du sommet européen qui s’est tenu à Toulouse, le 16 juillet, Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé les nominations du Français Louis Gallois à la tête d’EADS et de l’Allemand Thomas Enders à la tête d’Airbus.

Sarkozy et Merkel se sont ventés du fait qu’EADS fonctionne désormais comme une « entreprise normale » – comprenez : comme une affaire bien rentable pour les intérêts capitalistes allemands et français.

Cette réorganisation, qui reprend les mêmes dirigeants, n’apporte rien de nouveau, et n’est qu’un jeu de chaises musicales pour les salariés européens de l’aéronautique. Le plan Power 8 est maintenu. Pire encore : les dirigeants ont décidé de rajouter un site allemand (Augsburg) à la liste des sites vendus.

« Les syndicats ne font rien »

Les directions des syndicats CGC et CFTC, qui étaient encore unies contre Power 8 à la veille des élections professionnelles du 15 mars (sur le site de Toulouse), ont rallié la cause de la direction d’Airbus le lendemain. Cela a porté un coup dur au mouvement unitaire de l’ensemble des syndicats.

Il est clair qu’une vraie grève, avec blocage de la production, permettrait de faire reculer la direction. Ce sont d’ailleurs les grèves des salariés de Nantes et de Saint-Nazaire qui ont permis de la faire reculer sur la question de la prime annuelle, qui a été portée de 2,88 euros à 800 euros. Mais les revendications concernant le retrait de Power 8 et l’embauche des intérimaires, notamment, n’ont pas abouti. On a appris par la suite que si la grève avait duré deux jours de plus, elle aurait fait perdre à Airbus de 50 à 70 millions d’euros par jour de grève. Il y avait là de quoi faire plier la direction. Malheureusement, le magnifique mouvement les salariés de Nantes et de Saint-Nazaire a fini par s’épuiser faute de soutien.

Il est vrai, également, que ces grèves ont démarré spontanément sur l’initiative de salariés (sur les chaînes de Toulouse en premier lieu), et non à l’initiative des directions syndicales, même si des militants syndicaux – de la CGT, notamment – étaient largement impliqués, comme à Nantes.

Certaines personnes critiquent les syndicats et les mettent tous dans le même panier. Or, premièrement, il faut tenir compte du résultat des élections professionnelles, le 15 mars, dont FO est sortie largement majoritaire, et où la CGC et la CFTC ont fait un bon score. La CGT a reculé alors qu’elle menait une grosse campagne dans un esprit unitaire contre Power 8 et pour la défense des intérêts des salariés sous-traitants. La CFDT est, elle, complètement exsangue.Retour ligne automatique
Il faut faire état, aussi, du comportement de FO à Toulouse, qui a vite fait rentrer dans le rang les salariés partis en grève. FO a également exercé des pressions sur les salariés (et notamment ses syndiqués) de l’usine de Saint-Eloi à Toulouse, que des militants CGT avaient réussi à convaincre de faire la grève. Le prétexte était que la CGT, minoritaire, voulait « récupérer » le mouvement. Au final, le mouvement n’a pas été récupéré, mais il a été étouffé, malgré le fait que bon nombre de salariés – y compris des syndiqués FO – voulaient en découdre. Il faut évoquer enfin le rôle de l’encadrement, dont une grande partie est syndiquée à la CGC ou chez FO, et qui s’est fait le relais de la direction.

La CGT a appelé, le 3 juillet, à un rassemblement devant l’entrée du site principal de Toulouse, mais quasiment personne n’est venu. Dire que les syndicats n’ont rien fait est complètement faux.

« La vente des sites est une bonne chose »

A terme, l’objectif d’Airbus (et sans doute aussi d’EADS) est d’externaliser ce qu’ils appellent « les aérostructures » dans un centre d’excellence du même nom qui serait sous-traité, pour ne garder que l’activité d’assemblage dans un centre d’excellence qu’ils appellent « fuselage et cabine ».Retour ligne automatique
En d’autres termes, si on prend un jeu de mécano, Airbus se contenterait d’assembler les différentes pièces mécaniques du mécano, et externaliserait la production de ces pièces mécaniques.

Le groupe Latécoère se positionnerait pour reprendre l’activité de Méaulte (à grand renfort de subventions de l’Etat) intégré à un pôle externalisé. Tous les sites qui sont en vente en France (Saint-Nazaire ville, Méaulte), en Allemagne (Laupheim, Nordenham, Varel et Augsburg), peut-être en Angleterre (Filton), ainsi que l’usine de Nantes et de Saint-Eloi à Toulouse font partie de ce pôle aérostructure. Les bureaux d’études associés aux aérostructures feront aussi partie de ce pôle.

De toute évidence, Airbus va chercher à diminuer ses coûts de fabrication à travers ces pôles. N’en doutons pas, la diminution de ses coûts sera supportée par les salariés : perte de certains acquis sociaux, sous-traitance, délocalisations, licenciements, etc.

Il n’y a pas de raison que Latécoère fasse de cadeau. Ils ont déjà externalisé un bon nombre de leur activité de bureau d’étude en sous-traitance (y compris à travers leur groupe), mais aussi à l’étranger. En aucun cas on ne peut envisager la vente de Méaulte à Latécoère ou à n’importe quel autre groupe comme quelque chose de positif pour les salariés, qu’ils soient Airbus ou sous-traitants. Ce n’est pas non plus un progrès d’un point de vue industriel. Ce n’est positif que pour les actionnaires.

La CGT envisage de préparer une grande action nationale à Méaulte. Pour qu’elle ait plus d’impact, la CGT souhaite que d’autres syndicats s’associent à cette action, notamment FO qui, selon ses dernières déclarations, reste encore aujourd’hui opposée à la vente des sites, même s’ils disent « reconnaître » qu’un plan de restructuration est « nécessaire ».

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