A Marseille, le 31 mars, le « collectif des sans papiers » et leurs soutiens (Réseau Education Sans Frontière, CGT, Parti Communiste...) ont décidé d’agir. Refusant de se terrer plus longtemps, près de deux cents personnes - parmi lesquelles des femmes enceintes et des enfants scolarisés - occupent depuis lors l’ancienne « Maison de l’Etranger », dont les locaux sont vides depuis longtemps.
Elles réclament l’ouverture d’une véritable concertation avec le Préfet, dans le but de trouver des solutions humaines et juridiques aux problèmes de leur séjour en France, de leur logement et de la poursuite de la scolarité de leurs enfants. Mais la Préfecture refuse répondre à leurs demandes de rencontre.
Le directeur de la Direction Départementale de l’Equipement, propriétaire des locaux occupés, a demandé l’expulsion des sans papiers. En conséquence, ils ont été convoqués au Tribunal de Grande Instance, le 4 mai. Le verdict, qui devait être rendu ce jeudi 18 mai, ne le sera finalement que le 24.
On voudrait nous faire croire qu’il existe plusieurs sortes de réfugiés : les politiques (les bons) et les économiques (les « profiteurs »). En matière de réfugiés politiques, l’attitude de la France est à géométrie variable. Elle a accueilli les victimes du Rwanda et leurs génocidaires, les haïtiens victimes de tortures et leur tortionnaire Jean Claude Duvalier. D’autre part, si la misère économique des pays du Tiers-Monde est la conséquence des politiques mises en oeuvre par les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale, etc.), notre pays n’est pas le dernier à piller les richesses et à corrompre les gouvernements.
Il n’y a pas de honte à quitter son pays parce qu’on a faim. Par contre, il est honteux de profiter du désarroi et du dénuement des gens pour les exploiter : certains sans papiers travaillent pour 200 euros par mois.
Ce sont « des travailleurs et pas des profiteurs », comme l’affirme le slogan du collectif des sans papiers qui, au risque de leur vie, traversent la mer, voyagent dans des containers, se cachent dans des trains d’atterrissage d’avions...
La loi CESEDA, dite « Sarkozy », obéit aux mêmes objectifs que celle sur « l’Egalité des chances » : précariser toujours plus le monde du travail et mettre en concurrence le salariat. Avec des permis de séjours liés au contrat de travail, le patronat se constitue un réservoir de main d’oeuvre internationale docile.
Nous devons nous mobiliser, car cette lutte est celle de tous les salariés. Les sans papiers sont les premières victimes de la guerre que le patronat mène contre le salariat, à l’échelle internationale.