Depuis des décennies, le secteur de la santé publique subit des attaques contre les conditions de travail de ses salariés, mais aussi des contre-réformes induisant la fermeture de lits, voire de services entiers – par exemple les maternités, dans certains hôpitaux.
Dans la longue liste des promesses non tenues de François Hollande figure l’abrogation de la loi Bachelot (2009), qui s’est soldée par la fermeture de nombreux services et établissements, la suppression de dizaines de milliers d’emplois et une précarisation galopante des personnels. Non seulement le gouvernement « socialiste » n’a pas touché à la loi Bachelot, mais elle s’est vue « complétée » par la loi Santé de la ministre Marisol Touraine, qui va exactement dans le même sens.
Les médias ont beaucoup parlé de l’opposition de nombreux médecins à la généralisation du tiers payant, mais beaucoup moins des autres dispositions de cette loi, dont certaines ont pour conséquence – encore et toujours – une diminution de l’enveloppe allouée aux hôpitaux publics. En effet, le « Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale » vient d’être voté avec, de nouveau, un taux d’ONDAM (Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie) revu à la baisse (– 1,75 % pour 2016). La Fédération CGT Santé et Action sociale dénonce une baisse « dramatique » qui minera « le financement des établissements de santé, alors que beaucoup sont déjà dans le rouge »1.
Plus de 22 000 suppressions d’emplois sont annoncées d’ici 2017 ; 3 milliards d’économies doivent être réalisées.2 Les restructurations des services s’enchaînent, avec leur lot de suppressions de postes, de soignants et de lits.
Exemple à Toulouse
Premières conséquences dans le service gynécologie du CHU de Purpan, à Toulouse : au lieu de 3 infirmières et 3 aides-soignantes sur le service en permanence, c’est désormais une seule infirmière et une seule aide-soignante qui doivent s’occuper de 15 patientes ! Dans ces conditions, comment prodiguer des soins de qualités ? Et comment ne pas mettre les patientes et les soignantes en danger ?
Pire : les lits réservés aux IVG seront désormais ouverts aux urgences. Cela signifie que les femmes n’auront plus aucune marge de manœuvre sur leur date d’hospitalisation. Les délais d’attente vont s’allonger. Et lorsque des urgences arriveront, des femmes verront leur IVG décalée d’une, deux, voire trois semaines, avec toutes les conséquences psychologiques que cela entraîne.
Avec l’hôpital Joseph Ducuing (établissement privé avec mission de service public), le CHU de Purpan est en Haute-Garonne le seul établissement public où peuvent être pratiquées des IVG. La quasi-totalité des médecins prescrivant des IVG médicamenteuses, en ville, est conventionnée avec cet hôpital. C’est donc les femmes de tout le département qui sont concernées par ces coupes sombres.
De nombreux hôpitaux publics, en France, connaissent une situation similaire. Le gouvernement réalise des économies sur le dos des femmes, de leur santé et leur sécurité – pour pouvoir multiplier les « allègements de charge » et autres subventions au grand patronat. Et dans le même temps, la destruction du secteur public de la santé ouvre de nouvelles perspectives de profits aux investisseurs privés.