Le 8 septembre dernier, les agents communaux de la ville de Castanet-Tolosan (11 500 habitants, en Haute-Garonne) ont été informés par le maire de la ville, Arnaud Lafon (Modem), qu’à partir du 18 septembre, ils devraient effectuer 50 heures de travail en plus sur l’année, sans augmentation de salaire. Cette annonce n’a été précédée d’aucune discussion avec le personnel ou l’un de leurs représentants. En réaction, les agents communaux ont fait grève, le 16 septembre. Depuis le 23 septembre, ils sont en grève reconductible. Interview avec un membre du comité de grève qu’ils ont formé.
La Riposte : Comment le Maire justifie-t-il cette augmentation du temps de travail ?
Un agent communal : Il faut savoir que la loi prévoit 1607 heures de travail par an, sauf si un protocole ARTT (Aménagement et Récupération du Temps de Travail) a été signé avant le 31 décembre 2001. Dans ce cas, on garde le protocole le plus favorable. Or, nous concernant, un tel protocole a été signé le 3 décembre 2001 par Arnaud Lafon lui-même. En 2004, il avait réuni le personnel pour assurer qu’il ne reviendrait pas là-dessus. Il avait acté les 1550 heures par an, auxquelles se sont rajoutées depuis les 7 heures de la « journée de solidarité », soit un total de 1557 heures travaillées par an. Mais aujourd’hui, Arnaud Lafon revient sur ses engagements et exige qu’on travaille 1607 heures par an.
En d’autres termes, tous nos acquis sociaux sont supprimés – dont 5 jours et demi de congés supplémentaires octroyés il y a 20 ans –, et ce dans un contexte de pression permanente.
La Riposte : Comment avez-vous réagi ?
Un agent communal : Le 16 septembre, 70% du personnel s’est mis en grève. On a demandé un entretien avec le maire : refus. Le 18 septembre, le personnel a fait deux heures de grève, mais la mairie est passée en force. Donc depuis le 23 septembre, le personnel est en grève reconductible. Un comité de grève a été formé. Nous avons installé une tente et un grand panneau devant l’esplanade de la Mairie.
La Riposte : Oui, vous êtes bien visibles ! Etes-vous soutenus ?
Un agent communal : Nous avons mis la tente depuis le premier jour : nous nous relayons toutes les nuits, les gens nous amènent à manger pour nous aider à tenir. C’était très important de constituer ce comité de grève et de diffuser des informations à la population. On a fait des tracts pour appeler à des rassemblements, et on est nombreux.
Jusqu’au lundi 29 septembre, la Mairie refusait toute discussion. Lundi après-midi, nous avons obtenu un rendez-vous, mais qui n’a débouché sur aucune avancée tangible. Hier, mardi, c’était jour de marché. Nous avons amoncelé les ordures devant l’entrée de la Mairie, et les odeurs de poisson se sont répandues... Et nous avons bloqué l’entrée de la Mairie pour empêcher les gens de passer. En fin d’après-midi, nous avons enfin pu commencer à négocier ! Le soir, nous avions appelé à un rassemblement et à une marche dans la ville. Nous avions rendez-vous à 20 h avec le maire. Il nous a proposé qu’on passe à 36 heures moyennant un système de compensations, mais cela reste un recul. On a donc refusé. En AG, ce matin, nous avons voté la reconduite de la grève jusqu’à vendredi, à 16 h 07 (comme 1607 heures). Et on a appelé à un grand rassemblement pour demain, jeudi, à 18 heures – pendant la réunion du Conseil municipal.