Mardi 3 septembre, Benoît Huou, professeur contractuel de mathématiques à la Toulouse School of Economics (TSE), a pris la parole devant ses étudiants pour leur parler du génocide des Palestiniens de Gaza. Il a avancé le chiffre de 200 000 victimes du côté des Palestiniens, s’appuyant sur la revue médicale The Lancet [1], en expliquant qu’on ne pouvait pas attribuer toute la responsabilité de ce conflit au seul Hamas, ni affirmer que tout avait commencé le 7 octobre dernier. Il a ensuite commenté la participation des athlètes israéliens sous leur drapeau lors des Jeux Olympiques, avant d’inviter ses étudiants à boycotter les produits israéliens et à participer à des manifestations pour exiger un cessez-le-feu.

Son intervention, filmée par des étudiants et diffusée ensuite sur Internet par des réseaux sionistes, a suscité des réactions hypocrites et hostiles de nombreux politiciens bourgeois. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse a ainsi « condamn[é] fermement » les propos de l’enseignant, affirmant qu’ils contribuaient « à mettre une cible sur les étudiants juifs dans l’enseignement supérieur » – rien que ça ! Nous ne nous attendions pas à mieux de la part de Moudenc, réactionnaire patenté proche en 2013 de la très homophobe « Manif pour tous » et soutien déclaré de l’Etat sioniste. Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie, a aussi tenu à s’exprimer. Contrairement au maire de Toulouse, madame Delga est, parait-il, une femme de « gauche » : elle n’en a pas moins formulé une condamnation « très ferme » des propos de l’enseignant, comme Moudenc !

La ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a elle aussi pris la parole pour affirmer que le rôle de l’enseignement supérieur était « de combattre l’antisémitisme et toutes les discriminations. » Cela ne l’a pourtant pas empêché de participer à un gouvernement aux côtés de Gérald Darmanin, qui fut en 2021 l’auteur d’un livre faisant l’apologie des politiques antisémites de Napoléon. La ministre a ensuite demandé « que les sanctions qui s’imposent soient prises ». Elle peut dormir sur ses deux oreilles : non seulement l’enseignant a été suspendu, mais il est même visé par une enquête pour « apologie du terrorisme » ! 

L’ensemble de cette situation serait parfaitement ridicule, si elle n’était pas si grave. La procédure scandaleuse qui vise Benoît Huou s’inscrit dans la répression systématique du mouvement de soutien à la Palestine : interdiction de rassemblements, de manifestations ou de meetings ; attaques médiatiques contre des dirigeants ou des élus de la France insoumise ;  condamnations de militants syndicaux, comme Jean-Paul Delescaut de la CGT du Nord, voire leur licenciement, comme dans le cas de Timothée Esprit, chez Toray dans la région de Pau…

Plusieurs organisations politiques et syndicales toulousaines – dont SUD Education, le syndicat de Benoît Huou – ont condamné la répression qui le visait. Elles écrivent : « Nous exigeons que notre camarade soit réintégré le plus rapidement possible sans qu’aucune sanction ne soit prise à son encontre et dans des conditions qui garantissent sa sécurité. La procédure judiciaire à son encontre doit être classée sans suite. ».Nous sommes parfaitement d'accord. Mais il faut aller plus loin. Ce qui est en jeu, ce sont les droits démocratiques de la classe ouvrière à pouvoir manifester, protester, et s’organiser. Le mouvement ouvrier organisé devrait passer à l'offensive, et préparer une vaste mobilisation de la jeunesse et des travailleurs pour défendre nos droits démocratiques.

Pour la réintégration de Benoît Huou ! 

Abandon des poursuites ! 

Soutenir la Palestine n’est pas un crime !


[1] Cet article ne donnait pas le nombre total des victimes identifiées, mais établissait une prévision statistique. Les chiffres officiels sont aujourd’hui de 40 000 Palestiniens tués depuis le 7 octobre 2023.

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