L ’Union Locale CGT d’Alès est bien connue pour sa combativité. Elle est toujours en lutte contre la droite et le patronat locaux. C’est dans l’ordre des choses. Ce qui l’est moins, c’est l’attitude des dirigeants de l’UD de la CGT du Gard, qui a leur a valu les félicitations du préfet…. Bernard Vire, secrétaire de l’UL d’Alès, nous explique la situation.
Le bassin alésien est gravement sinistré. Avec un taux de chômage de 20 %, ce sont les jeunes et les seniors qui paient le plus lourd tribut. La désindustrialisation est organisée par le MEDEF local et les politiques ultralibérales des gouvernements successifs. Les dernières entreprises de la métallurgie (Richard Ducros, Tamaris Industrie), vestiges d’un riche passé industriel, ont fermé récemment : c’est environ 500 emplois directs qui ont été perdus. Mais il faut savoir qu’un emploi dans la métallurgie correspond à trois emplois induits : faites le compte ! Si ces fermetures ont reçu un certain écho médiatique, ce n’est pas le cas d’une multitude de petits commerces ou artisans qui mettent la clé sous la porte. Malheureusement, le pire est à venir : la casse du Code du travail, l’ANI et bien d’autres mesures vont permettre aux employeurs de licencier sans risque.
Divergences UD-UL
Concernant la disparition des entreprises de la métallurgie, l’UD a choisi la négociation plutôt que l’action, en tenant l’UL systématiquement à l’écart. Toutes ces fermetures ont eu lieu « en douceur » : pas une seule journée de grève, aucune action marquante, essentiellement des tables rondes en sous-préfecture. A l’Union Locale d’Alès, nous refusons ces méthodes. Ce sont des soins palliatifs. On accompagne le malade jusqu’à sa mort programmée. A la violence des licenciements, nous, syndicalistes, devons apporter une réponse adaptée. Certes, c’est aux salariés de prendre leurs affaires en main, mais en aucun cas nous ne devons collaborer de cette manière avec le patronat et les pouvoirs publics.
A la CGT, nous avons une culture de la lutte. Nous devons la partager avec les salariés qui défendent leur emploi. Seule la mobilisation des travailleurs et de l’ensemble de la population permettra de mieux vivre de son travail, de récupérer nos droits et libertés perdus et de gagner de nouveaux acquis.
Les dirigeants de l’UD s’inscrivent dans le courant réformiste. Leur attitude laxiste leur a valu les compliments du maire UMP d’Alès, du sous-préfet, du patron voyou de Call Expert et même du préfet du Gard, qui se félicite de pouvoir travailler en bonne intelligence avec eux, alors que tous fustigent l’UL d’Alès en la taxant de « trop radicale ». L’attitude du préfet et ses propos à l’encontre de l’UL sont inadmissibles. C’est une ingérence dans la vie de notre syndicat. Ce monsieur distribue les bons et les mauvais points : pour qui se prend-il ? Je le remercie quand même, au nom de mes camarades, de nous attribuer un carton rouge. Mais il est vrai aussi qu’il a pu être encouragé par la vassalité du bureau de l’UD, avec lequel, dit-il, la Préfecture entretient de bonnes relations.
Je regrette que l’UD et la Confédération n’aient pas répondu énergiquement, afin de remettre comme il se doit ce représentant de l’Etat à sa place. Nous, nous connaissons les raisons qui poussent ce dernier à agir ainsi. Suite à la fermeture de l’entreprise Call Expert, nous avons monté un dossier à charge sur l’utilisation de l’argent public. Comme cela dérange, ils n’hésitent pas à employer la force publique contre nous. Mais cela ne nous arrêtera pas : nous sommes très déterminés.
La rentrée sociale
La crise qui frappe les plus pauvres est très virulente. Les espoirs portés par le changement de gouvernement ont été déçus. Hollande et Ayrault ont choisi leur camp : les riches sont de plus en plus riches. La réforme des retraites concoctée par le gouvernement pourrait être un élément déclencheur. Les plus précaires n’en peuvent plus, le mécontentement grandit dans les banlieues. La jeunesse n’a aucune perspective. C’est peut-être là que le mouvement va démarrer. Ce qui est sûr, c’est que notre UL CGT d’Alès sera toujours du côté de ceux qui luttent pour une société équitable et démocratique.