Depuis plusieurs mois, des mobilisations de salariés éclatent dans différents secteurs de l’économie pour réclamer des augmentations de salaire. Le prix des produits de première nécessité flambe, celui de l’énergie s’envole, et l’inflation pourrait atteindre 8 % en fin d’année 2022, en France.
Dans différentes branches, de nombreuses négociations sur les salaires ont eu lieu, entre patronat et organisations syndicales, mais elles aboutissent souvent à de très maigres revalorisations, voire aucune.
Dans ce contexte, les salariés du secteur des Industries Electriques et Gazières, et en particulier les salariés du groupe GRDF, sont mobilisés. Dans cette branche, en début d’année 2022, le Salaire National de Base (SNB) a été revalorisé d’à peine 0,3 %. De leur côté, les actionnaires continuent de se gaver. Sur une année, les dividendes versés aux actionnaires d’EDF et d’ENGIE représentent l’équivalent de 36 000 euros par agent.
Mobilisation chez GRDF à Marseille
A Marseille, le 29 mars dernier, la CGT Energie a signé un protocole de fin de conflit avec la direction locale de GRDF, actant l’obtention de mesures de promotions salariales supplémentaires (10 % de niveaux de rémunérations supplémentaires pour les deux années à venir), la création de 5 emplois et la garantie de maintien de l’activité de tubage internalisée, qui impose à GRDF de procéder à 14 km de remplacement de vieux réseaux fonte par an avant 2030, à Marseille.
La forte mobilisation des salariés a permis une petite victoire au niveau local, mais la direction, après avoir lâché quelques miettes, n’en est pas restée là.
Répression syndicale
Le 29 avril, la direction de GRDF à Marseille convoquait 3 salariés en entretien préalable disciplinaire. Elus CGT, ces 3 salariés étaient mobilisés sur les derniers mouvements de grève. La direction comptait en faire des exemples et envoyer un message aux autres travailleurs de ce secteur. Ce n’est pas la première fois que le patronat de l’énergie tente de réprimer l’action syndicale, comme ce fut le cas récemment à l’encontre de militants CGT en Seine-Saint-Denis.
Les travailleurs ont plus que jamais besoin de leurs organisations de masse, à commencer par les syndicats. Il serait impossible de défendre les salaires et les conditions de vie sans de puissants syndicats. C’est précisément pour cela que les capitalistes et leurs gouvernements cherchent constamment, à travers des législations antisyndicales, à les affaiblir et à limiter leurs marges d’action. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Sur fond de crise économique, le patronat sera à l’offensive.
Mobilisation nationale
Le 2 juin, l’intersyndicale FNME-CGT, CFE-Energies, CFDT Chimie-Energie et la FNEM-FO appelait à une journée de mobilisation nationale dans tout le secteur de l’énergie, pour réclamer une réouverture des négociations sur les salaires. Près de 40 % de l’effectif de la branche était en grève ce jour-là.
La revendication première portait évidemment sur l’augmentation des salaires et des pensions, mais les salariés réclamaient aussi de meilleures conditions de travail, des effectifs supplémentaires pour les sites en tension, de façon à garantir un service public de l’énergie de qualité.
Suite à la mobilisation du 2 juin, les employeurs ont proposé une nouvelle réunion de négociation sur la question salariale le 20 juin, après les élections législatives. Les organisations syndicales ont donc été reçues le 20 juin. La direction a proposé une augmentation de 0,5 % – effective au 1er octobre 2022 – et a annoncé une nouvelle réunion pour le 28 juin.
Ce faisant, le patronat de ce secteur cherche à gagner du temps et à essouffler le mouvement de contestation. De leur côté, les organisations syndicales ont appelé à une nouvelle journée de grève le 28 juin, jour des négociations. Le 28 juin, les salariés encore mobilisés obtenaient une proposition de la direction d’augmentation de 0,7 % du SNB. Insatisfaite, l’intersyndicale a appelé de nouveau à la grève le 30 juin, où le patronat du secteur de l’énergie a proposé un maigre 1 %. La CGT appelle désormais à la mobilisation pour le 13 septembre, jour d’une nouvelle négociation.
Il faut une mobilisation générale
Dans toutes les branches de l’économie, pas un travailleur n’est épargné par l’inflation et la stagnation de son salaire. Les directions syndicales doivent passer à l’offensive et préparer sérieusement un mouvement de grève reconductible dans un maximum de secteurs.
Certains à gauche proposent des augmentations de salaire financées non par l’Etat, mais par le patronat. C’est bien, mais pour éviter que des augmentations de salaire soient effacées par de nouvelles augmentations des prix, il faut une indexation des salaires sur l’inflation. Les retraites et l’ensemble des prestations sociales doivent être intégrés à ce système.