Les agents de nettoyage de la gare de Perrache à Lyon ont entamé ce lundi 21 novembre leur septième semaine de grève. Employés par le sous-traitant « Arc-en-Ciel », ces salariés ont appris que la Métropole de Lyon (à majorité NUPES) voulait les remplacer en découvrant l’existence d’un appel dans ce sens, qui date du 26 juillet.
Sous-traitance et exploitation
Depuis la fin de la régie publique de l’entretien il y a plus de 30 ans, les salariés du nettoyage de la gare de Perrache sont ballottés d’un patron à l’autre, au fil des appels d’offres et de la reprise du marché par différentes entreprises. Si les emplois ont été maintenus jusqu’à présent, car la convention collective des entreprises du nettoyage l’impose, aucune évolution professionnelle n’est possible pour ces salariés. Leurs employeurs successifs refusent en effet de reconnaître leur ancienneté sur le site ou de leur donner accès à des formations qui permettraient de faire évoluer leurs salaires. A titre d’exemple, le salarié ayant le plus d’ancienneté sur le site de Perrache, y travaille depuis 33 ans, est à un an de la retraite… mais plafonne toujours au SMIC ! De plus, le recours aux employeurs privés n’a fait qu’aggraver leurs conditions de travail : pour être compétitives pendant les appels d’offres, les entreprises réduisent au maximum les équipes sans réduire pour autant la charge de travail. A chaque nouveau contrat, les agents du nettoyage voient donc leurs conditions de travail se dégrader.
Loin de régler ce problème, la Métropole l'a au contraire aggravé : il y a quelques années, elle a nommé un inspecteur chargé du « contrôle qualité » sur le site de Perrache. Celui-ci a immédiatement multiplié les provocations contre les salariés, qu’il a soumis à une surveillance constante et à qui il a interdit de communiquer avec les usagers. La pression a été telle qu’un salarié a fait une tentative de suicide ! Un mouvement de grève a alors éclaté pour obtenir le renvoi de cet aspirant garde-chiourme et mettre en lumière leurs conditions de travail déplorables. La fermeté de leur mobilisation et l’écho rencontré par leur lutte leur ont permis d’obtenir satisfaction : le contrôleur mis en cause a quitté les lieux. La Métropole, dirigée depuis 2020 par un président EELV et par une alliance entre des partis membres de la NUPES a encaissé cette défaite, mais a mûri un plan pour se débarrasser de ces salariés au statut protégé.
L’hypocrisie de la Métropole
L’appel d’offres publié cet été par la Métropole est uniquement destiné aux entreprises d’« insertion ». Ce n’est pas un hasard. Comme on l’a vu, la convention collective du secteur assure une continuité de l’emploi aux agents du nettoyage. L’entreprise entrant sur un marché a l’obligation de reprendre à son compte les contrats des salariés déjà présents sur le site... sauf justement s’il s’agit d’une entreprise sous convention d’« insertion ». En recourant spécifiquement à un tel appel d’offres, l’objectif de la Métropole est de se débarrasser des salariés trop « remuants » et ses représentants l’ont eux-mêmes expliqué aux travailleurs grévistes.
Face aux revendications des grévistes, qui exigent que leurs emplois soient garantis, la Métropole rétorque que c’est à leur employeur « Arc-en-Ciel » de reclasser ses 22 salariés à plein temps. Sans surprise, les représentants de l’entreprise ont déclaré le 4 novembre qu’aucun contrat ne serait prolongé au-delà de décembre 2022 si « Arc-en-Ciel » perdait le marché de Perrache. Ils ont renvoyé la balle à la Métropole, en affirmant que celle-ci reste la véritable employeuse des agents de nettoyage.
La Métropole exerce en effet une véritable autorité sur ces salariés, qu’elle fait muter à sa convenance, sur simple demande aux sous-traitants, ou auxquels elle refuse la mise en place de dispositifs recommandés par la médecine du travail. En dépit des faits, la Métropole continue pourtant à affirmer que la gestion salariale des sous-traitants n’est pas de sa responsabilité. Questionnés par les grévistes, ses représentants ont même poussé le cynisme jusqu’à leur répondre : « pour vous, il y aura le Pôle Emploi ». En acceptant de jouer selon les règles du capitalisme, la nouvelle majorité métropolitaine se retrouve donc à appliquer la même politique d’exploitation et de répression que la majorité de droite qui l’a précédée. Certains de ses représentants ont même déclaré que l’actuelle majorité NUPES n’a « pas vocation » à remettre en place une régie publique du nettoyage !
Les agents de la propreté de la gare de Perrache continuent leur lutte, en faisant preuve de la combativité et de la résolution qui leur a attiré l’hostilité des dirigeants écologistes de la Métropole. Leur détermination doit être un exemple pour tous les salariés qui subissent aujourd’hui des conditions de travail déplorables, et qui vivent sous la menace de l’inflation et des licenciements. Seul un mouvement de grève reconductible dans un maximum de secteurs pourra empêcher que les travailleurs ne continuent à payer le prix de la crise et des politiques d’austérité.
Vous pouvez soutenir les grévistes de Perrache à travers leur caisse de grève disponible à cette adresse.