Cet été, à deux reprises, les agents de nettoyage de la société Laser Propreté, à Marseille, ont mené un mouvement de grève reconductible.
La première bataille, en juin, concernait le nettoyage de la gare Saint-Charles. A l’occasion de l’appel d’offres, la SNCF voulait solliciter une régie non rattachée à la convention collective. Sa seule motivation était de réaliser des économies, en laissant sur le carreau une partie des 80 salariés concernés. Après plusieurs jours de grève, les patrons de Laser Propreté se sont engagés à ne supprimer aucun poste.
Puis, au mois d’août, le deuxième mouvement de grève portait sur le paiement des salaires. Selon l’intersyndicale (Solidaire et CAT Nettoyage), le compte n’y était pas, malgré les dénégations officielles de la direction de Laser Propreté. Des salariés n’ont pas reçu leur salaire ; d’autres n’en ont reçu qu’une partie : il manquait les heures supplémentaires ou les majorations du dimanche. Des salariés ont même été mis à pied.
La grève s’est étendue à d’autres sites de Laser Propreté, pour des raisons semblables. Elle a impliqué les agents de nettoyage de la RTM (Régie des transports métropolitains), du tramway et du Grand port maritime de Marseille.
Conditions de travail
Le 10 août, la mairie « divers gauche » de Marseille a mis en demeure la SNCF de procéder au nettoyage de la gare Saint-Charles. Dans la nuit du lundi au mardi 15 août, une entreprise extérieure – escortée par 50 policiers – a procédé au nettoyage partiel de la gare. En réaction, l’intersyndicale a dénoncé une entrave au droit de grève.
Sur le piquet de grève, Houria Tahri, salariée de Laser Propreté et militante à Solidaires, disait comprendre l’amertume des usagers de la gare, face aux déchets accumulés. Mais elle soulignait que les patrons en étaient responsables – et donnait, au passage, un aperçu de ses conditions de travail : « Nous n’avons droit qu’à un seul T-shirt pour une semaine de travail, même en plein été. Nous devons acheter nous-mêmes notre propre pantalon. Si les chaussures de sécurité nous sont fournies par l’employeur, elles sont mal adaptées, ce qui provoque des cloques douloureuses au quotidien. Nous subissons aussi la mauvaise gestion de l’entreprise : manque de matériel, manque de personnel, et maintenant nous ne sommes même plus payés ! Je n’ai jamais connu ça, alors que j’ai vu défiler huit patrons différents et que je suis agent de nettoyage à la gare Saint-Charles depuis plus de vingt-deux ans. »
Les grévistes ont tenu bon. Pour mener cette lutte, des salariés qui avaient posé leurs congés y ont renoncé. Jour après jour, ils ont courageusement continué le combat pour le versement de l’intégralité des salaires et le respect des accords obtenus par la grève du mois de juin. Le 17 août, la direction de Laser Propreté – qui avait accusé l’intersyndicale de mentir – a fini par leur donner gain de cause.
Seule la lutte paye !