Mardi 2 avril, des enseignants, des personnels éducatifs, des élèves et des parents d’élèves sont descendus une nouvelle fois dans la rue partout en France.
Dans son communiqué du 26 mars, l’intersyndicale réclame « l’abandon des mesures “Choc des savoirs” », à commencer par les « groupes de niveaux », mais aussi « une revalorisation salariale sans contreparties et des moyens pour l’école publique ».
Depuis le 1er février dernier, plusieurs mobilisations nationales ont eu lieu à l’appel de la même intersyndicale – et sur la base des mêmes revendications. En réponse, le gouvernement a renommé les « groupes de niveaux » : il s’agira désormais de « groupes de besoins ».
C’est une mauvaise plaisanterie. Quel qu’en soit le nom, ce système ne peut qu’aggraver les inégalités sociales qui existent déjà. Les enfants des travailleurs les plus pauvres recevront un enseignement de moindre qualité. Et comme il sera postulé qu’un tel enseignement correspond à leurs « besoins », cela coupera court aux revendications des enseignants pour avoir plus de moyens et moins d’élèves par classe.
Aux revendications portant sur la « revalorisation salariale sans contreparties » et sur les « moyens pour l’école publique », le gouvernement répond en faisant exactement le contraire : il remet à l’ordre du jour la « rémunération au mérite » des fonctionnaires et annonce 700 millions d’euros de coupe budgétaire dans l’Education nationale.
Quelle stratégie ?
Il est clair que les mobilisations, comme celle du 2 avril, à elles seules, n’y changeront rien. Mais cela renvoie à un problème plus général : la stratégie des « journées d’action » saute-mouton ne peut pas faire reculer le gouvernement. C’est vrai au niveau interprofessionnel ; ça l’est aussi – et à plus forte raison – à l’échelle d’un seul secteur.
L’intersyndicale souligne la « fébrilité » du gouvernement face aux nombreuses initiatives et mobilisations des enseignants, des élèves et des parents d’élèves en Seine-Saint-Denis – qui est l’avant-garde du mouvement – et dans bien d’autres départements.
Oui, le gouvernement observe avec inquiétude l’ébullition sociale qui traverse l’ensemble de l’Education nationale. Mais il ne reculera que face à la généralisation de la grève reconductible des enseignants et à l’extension du mouvement gréviste à d’autres secteurs de la classe ouvrière. Dès lors, l’enjeu sera la chute du gouvernement lui-même. Dans le contexte actuel, toute autre stratégie est une impasse.