Le 4 décembre, la préfecture du Val-d’Oise (95) a fait intervenir la police pour lever le piquet de grève des chauffeurs de bus du dépôt de Francilité Seine et Oise (FSO), à Saint-Ouen-l’Aumône. Depuis le 7 novembre dernier, cette grève très suivie paralysait complètement le réseau de Cergy-Pontoise (95) et de Conflans-Sainte-Honorine (78).

Mise en concurrence et privatisation

Depuis 2007, une réglementation européenne impose l’ouverture à la concurrence des services publics de transport. Cette mise en concurrence a entraîné des conséquences néfastes dans les pays ayant opté pour la privatisation, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, avec une dégradation notable des conditions de travail et du service rendu aux usagers.

En France, la loi d’Orientation des Mobilités (LOM), adoptée en 2019, autorisait l’ouverture des transports publics à la concurrence. Dès 2021, sous le mandat de Valérie Pécresse à la Région Île-de-France, la privatisation des réseaux de bus a été mise en œuvre progressivement. Depuis, L’autorité organisatrice des transports, Île-de-France Mobilités (IDFM), attribue les lignes à des opérateurs privés via des appels d’offres.

La privatisation n’a qu’un seul objectif : transformer les services publics en activités rentables pour les entreprises privées du secteur. Les moyens pour y parvenir, eux, sont maintenant bien connus des chauffeurs de bus : une dégradation des conditions de travail, qui passe d’abord par l’allongement de travail, puis par une diminution des salaires. Depuis septembre 2024, sous la gestion de FSO, filiale des Cars Lacroix-Savac, les conditions de travail des chauffeurs se sont fortement dégradées.

Les trajets se sont allongés et les temps de parcours sont devenus infaisables. Les chauffeurs doivent souvent repartir immédiatement après leur arrivée au terminus, sans pause. Les amplitudes horaires se sont étendues, allant parfois jusqu’à huit heures de conduite consécutives. Par ailleurs, les plannings imposés par la direction visent à réduire les primes et à contourner les repos obligatoires, aggravant la fatigue et le stress des conducteurs.

Contre la répression ! Extension de la grève !

A l’appel de Force Ouvrière, les salariés du dépôt FSO de Saint-Ouen-l'aumône se sont mis en grève illimitée. Par leur mobilisation, les chauffeurs rappellent une simple réalité à leur direction : sans eux, aucun bus ne circule. Face à cette démonstration de force, l’attitude de la direction du groupe est pathétique. Pour gagner du temps et tenter d’épuiser le mouvement, la direction a fait appel à un “médiateur” envoyé par IDFM pour trouver des « compromis ». Face à l'échec prévisible de cette médiation, la préfecture a décidé de déloger les grévistes par la force, à l’aide de 50 policiers.

Est-ce que cette répression scandaleuse sera suffisante pour arrêter les grévistes ? Interrogé par La gazette du Val d’Oise, Cyrille Mauger, délégué syndical FO, répond : « au contraire, ça nous rebooste ! », puis il affirme : « Aucun conducteur ne veut sortir du dépôt ! »

La lutte des chauffeurs de bus du groupe FSO est un exemple à suivre pour tous les travailleurs des transports en Île-de-France. A la RATP Bus, ce sont plus de 15 000 salariés qui vont progressivement passer dans des filiales privées. Qu’ils soient à la RATP, à Veolia, à Transdev ou dans une autre filiale, les chauffeurs de bus défendent les mêmes intérêts. C’est ensemble et organisés dans la lutte qu’ils pourront faire reculer les ambitions voraces du patronat. 

Par ailleurs, les directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier devraient s’insurger contre la répression des grévistes, et appeler à l’extension de la grève à tous les dépôts d'île de France, et au-delà. C’est la seule façon réaliste de gagner des avancées notables pour les chauffeurs, mais aussi le meilleur moyen d’empêcher l’Etat d’utiliser la force pour réprimer les grévistes.

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