Le 5 décembre, 400 pompiers ont mené des actions spectaculaires lors de l’ouverture de la fête des lumières, à Lyon. Leur cortège très combatif a parcouru la fête sous les applaudissements francs de la foule. A plusieurs reprises, ils se sont « immolés par le feu » en scandant « on est cramés », pour symbobiliser leur exaspération. Le même jour, ils ont voté à l’unanimité la reconduction de la grève illimitée qu’ils ont entamée le 1er octobre.
Malgré cette grève, ils sont soumis au principe de continuité du service public et doivent accomplir leurs missions. Ils sacrifient donc leur temps libre pour faire entendre leurs revendications. Frappés par les politiques d’austérité et l'inflation, ils revendiquent notamment une hausse des salaires et une embauche de 100 à 150 pompiers supplémentaires sur la Métropole. Nous sommes allés à la rencontre des grévistes.
L’étincelle de la colère
La grève a éclaté suite à la volonté du Service Départemental Métropolitain d'Incendie et de Secours (SDMIS) de supprimer une prime logement d’un montant moyen de 2425 euros par an, accordée à 300 pompiers qui ne sont pas logés en caserne. Cette annonce a fait éclater une colère qui couvait depuis des années. Selon le syndicat autonome du SDMIS, depuis 2012, les effectifs nationaux ont baissé de 20%, alors que le nombre d’interventions, lui, a bondi de 30%. Une réalité vécue, aussi, par les pompiers du Rhône.
Durant les Jeux-Olympiques, les pompiers - en sous-effectifs - ont sacrifié leurs congés pour assurer la sécurité de l’événement. Ils revendiquaient une prime à la hauteur de celle qui avait été versée aux forces de l’ordre : entre 1500 et 2500 euros. Le ministère de l’intérieur a refusé l’octroi de cette prime et a enjoint les Métropoles et les Départements de verser une compensation. Résultat : 200 euros de prime pour les pompiers Lyonnais - qui n’ont toujours pas été versés.
Selon Steeve, un pompier gréviste et délégué du syndicat autonome du SDMIS : “ Auparavant, certains pompiers ne voyaient pas l’intérêt de se syndiquer et de se mobiliser. A la suite de ces annonces, on a eu de nouvelles adhésions au syndicat et ils ont décidé d'entrer en lutte. Cela a été la goutte de trop pour eux.”.
Mépris de l’Etat, du SDMIS et de la Métropole
Les syndicats des sapeurs pompiers dénoncent depuis longtemps l’absence de décompte du temps de travail pour les pompiers effectuant des gardes de 24h. Ce calcul à la française est régulièrement pointé par l’Union européenne comme étant hors la loi. Steeve poursuit : “J’ai travaillé 600 heures gratuitement cette année. Par ailleurs, le SDMIS ne respecte même pas les temps de repos obligatoires pour les pompiers volontaires. Parfois ils travaillent plus de 48h par semaine et jusqu’à 28h d’affilée.”
Les sapeurs-pompiers sauvent des vies, parfois au péril de la leur. En plus de la dangerosité des interventions, les risques à long terme pour leur santé sont importants. Les pompiers sont régulièrement exposés à des agents toxiques, comme les fumées, la suie de cheminée, l’amiante… “Les pompiers n’ont pas de suivi médical après leur départ à la retraite, alors que la Métropole à l’obligation d’en fournir un sur demande. Du fait de leurs conditions de travail, ils sont exposés à de nombreux risques de cancers ou de maladies pulmonaire. Trois pompiers du Rhône sont décédés de cancers cette année à cause d’un manque de suivi médical”, nous confie Steeve.
Poursuivre et étendre la grève ! Contre l’austérité !
Les politiques d’austérité mettent en danger la vie des populations - et celle de ceux qui se sont donnés pour mission de la préserver : les sapeurs-pompiers. Il faut une embauche massive de pompiers, une hausse drastique de leurs salaires et leur indexation sur l’inflation, la facilitation du recrutement des pompiers volontaires en pompiers professionnels, le strict décompte des heures travaillées, et un suivi médical conséquent durant la carrière - et après.
L’ensemble des organisations politiques et syndicales du mouvement ouvrier devraient soutenir la lutte des pompiers et défendre ce programme. Elles devraient appeler à étendre la grève à tous les SDIS de France, et faire converger les luttes des nombreux secteurs qui se mobilisent dans la période actuelle : la santé, la SNCF, les ports… C’est en s'unissant dans la lutte, et par la grève reconductible, que les travailleurs - qu’ils soient pompiers, cheminots, infirmières, ou dockeurs - gagneront des avancées notables pour leurs conditions de vie et de travail.