Une large majorité (80%) des 280 salariés de l’Association d’Action Sociale en faveur des Personnels de la Ville de Paris (ASPP), qui travaillent dans la restauration des agents de la Mairie de Paris, a cessé le travail, le lundi 23 novembre dernier. La grève a pris la forme d’un débrayage reconductible de 3 heures par jour. Les revendications des salariés portaient sur les conditions de travail, les salaires. La grève concernait également la convention liant la Mairie de Paris à l’ASPP, remise en cause par la Direction.
Le centre de restauration de la place de l’Hôtel-de-Ville est resté fermé durant trois jours, tout comme 18 des 21 restaurants qui assurent la restauration des 47 000 agents de la Ville de Paris. Les salariés en grève manifestaient tous les jours, devant le restaurant de l’Hôtel de Ville, non loin des fenêtres du Maire, au son des casseroles. Bertrand Delanoë a fait la sourde oreille et le Secrétariat Général a d’abord refusé de recevoir une délégation.
Un seul laboratoire de cuisine, rattaché au restaurant de Sully-Morland, fournit déjà des repas, dans des barquettes, à huit des vingt self-service de Paris. A terme, cette mesure s’appliquerait à tous les restaurants qui jusqu’ici préparaient les repas sur place. Cela signifierait une baisse de la qualité pour les usagers, les plats étant préparés la veille. De plus, la Direction des Services Vétérinaires de la Ville de Paris n’a pas donné son agrément. Il y a donc un risque sanitaire. Bien sûr, cela laisse planer une menace sur les emplois.
Réuni en intersyndicale CGT-CGC-CFTC, le personnel en lutte exigeait que les repas soient de nouveau préparés dans chacun des restaurants, pour une « meilleure qualité », et demandait à cet effet l’embauche immédiate de 25 salariés supplémentaires. En 5 ans, les effectifs de l’ASPP sont passés de 350 à 280 salariés, soit une baisse de 20 % des effectifs.
Par exemple, le restaurant du Bois de Vincennes qui sert en moyenne 450 repas par jour, dont 170 aux élèves de l’Ecole Du Breuil (Ecole d’aménagement paysager de la Ville de Paris), ne compte que 7 salariés, qui ont tous fait grève. Ils demandent au moins une personne supplémentaire pour travailler dans des conditions acceptables.
L’intersyndicale juge inacceptable le projet de nouvelle convention, actuellement négociée avec la ville. La durée du marché avec l’ASPP passerait de trois à un an, avec l’obligation de servir 2000 couverts supplémentaires par jour, sous peine de pénalités.
Cela signifie que l’emploi des salariés de l’ASPP, qui ne sont pas des fonctionnaires, serait remis en question tous les ans, créant un stress insupportable pour les salariés. Ces derniers craignent que les investissements en gros travaux réalisés dans les restaurants et en rénovations des équipements ne préparent le terrain aux grandes entreprises privées comme la SODEXO : une véritable usine à bouffe (230 000 salariés et plusieurs million de repas servis par jour servis aux collectivités). L’intersyndicale a appelé tous les personnels de la Ville de Paris à la solidarité, pour la préservation de la qualité du service et de l’emploi des salariés de l’ASPP.
La grève a été suspendue le 26 novembre, la direction de l’ASPP et la Ville de Paris ayant enfin acceptée d’ouvrir une négociation avec l’intersyndicale. Voici les principaux éléments qui figurent dans les négociations :
1. Reconduction de la convention entre la Ville de Paris et l’ASPP pour 3 ans et renouvelable pour une période de 2 ans supplémentaires.
2. Maintien des subventions de fonctionnement 2009 pour 2010.
3. Financement de l’investissement à hauteur de 8 M € jusqu’en 2014.
4. Les heures de débrayages décomptées sous forme de RTT.
5. 10 embauches sur les 25 demandées.
6. Négociations salariales accélérées afin d’obtenir un accord avant mars 2010.
A ce jour, aucun accord n’a été signé par l’intersyndicale, qui demeure sceptique sur les véritables intentions de la Direction de l’ASPP. Si les engagements ne sont pas tenus, les salariés n’hésiteront pas à se remettre en grève.