Depuis le 1er septembre, les travailleurs, personnels et usagers de l’Hôtel-Dieu occupent l’une de ses salles. Ils s’opposent à sa fermeture, décidée par la direction de l’AP-HP – qui administre les hôpitaux de Paris – et par la ministre de la santé Marisol Touraine.
Les urgences de cet hôpital, qui couvrent les neuf premiers arrondissements de Paris, reçoivent 80 000 personnes par an. Face à près d’un an de mobilisations du personnel et des usagers, la ministre de la santé s’était engagée en juillet 2013 à reporter au printemps 2014 la fermeture des urgences, initialement prévue pour le 4 novembre, ainsi que tous les projets de restructuration de l’hôpital. Pourtant, peu à peu, par la ruse et par la force, les services sont démantelés. En août, par exemple, la direction de l’hôpital a tenté de vider une unité du service de médecine interne. Le 3 septembre dernier, les appels d’urgence ont été détournés vers d’autres structures, ce qui aggrave l’engorgement des hôpitaux Saint-Louis, Lariboisière et Cochin.
« Economies budgétaires »
Pourquoi fermer l’Hôtel-Dieu ? La direction de l’AP-HP a voté un plan de 150 millions d’euros d’économies supplémentaires en 2013. Il s’agit donc de faire de larges coupes dans le personnel, le matériel, le patrimoine et les terrains. En vendant le siège de l’avenue Victoria, la direction de l’AP-HP prévoit de s’installer en lieu et place des urgences de l’Hôtel-Dieu. Le reste de l’établissement serait transformé en un hôpital « ambulatoire », un « hôpital debout », c’est-à-dire sans lit, sans urgences, avec seulement un centre de consultation générale… Or un hôpital sans lit est un hôpital mort.
Cette décision n’est pas un cas isolé. De nombreuses « restructuration » – diminution du personnel et du nombre de lits, fusion et fermetures d’hôpitaux – sont en cours : Bichat, Maternité des Lilas… Les conséquences en sont catastrophiques. Fermer l’Hôtel-Dieu, c’est rediriger ses 226 000 usagers annuels vers l’hôpital Cochin, notamment, qui en plus d’être une clinique déguisée en hôpital (dépassements d’honoraires), est déjà en sous-effectifs. Il y a déjà dans cet établissement quatre heures d’attente pour voir un médecin urgentiste et huit à dix heures en cas d’affluence.
Le personnel de l’Hôtel-Dieu travaille dans des conditions extrêmement difficiles. Le nombre de jours de récupération dus aux salariés correspond à 7000 postes sur un an ! 4000 postes ont été supprimés en quatre ans. La fermeture de l’Hôtel-Dieu et le transfert de ses usagers vers d’autres hôpitaux déjà saturés ne peuvent que mener aux conséquences les plus dramatiques pour la santé des usagers et des travailleurs.
Des revendications légitimes
La CGT Santé Action sociale, l’Union Départementale CGT et l’Union syndicale CGT de l’AP-HP revendiquent :
- l’arrêt du démantèlement de l’Hôtel-Dieu et le maintien de tous les services ;
- le respect de l’engagement de la ministre de la santé ;
- l’arrêt par la Direction Générale de l’AP-HP de son projet « Hôpital sans lit » ;
- une négociation, notamment autour du projet alternatif porté par les médecins, le Comité de soutien, les représentants de personnel ;
- la réintégration du Dr G. Kerziek, engagé contre cette fermeture, dans toutes ses fonctions et ses responsabilités de coordinateur du SMUR de l’établissement.
Nous soutenons cette lutte et ces revendications justes. Et comme usagers, syndicalistes et communistes nous revendiquons également un plan d’embauche massif sur l’ensemble de l’AP-HP. De même, nous défendons l’intégration dans le secteur public de l’ensemble des cliniques privées, de façon à les faire fonctionner dans l’intérêt des salariés et des usagers.
La fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu est une nouvelle alerte sur la situation des hôpitaux parisiens. Soutenons la lutte en cours, diffusons l’information, allons sur place, mobilisons-nous !