Révolution et le Cercle Marxiste de Paris 8 soutiennent les personnels administratifs de l’Université, titulaires et précaires, en grève depuis le 19 janvier à l’université Paris 8 de Saint Denis.
Les salariés de catégorie C de l’université sont actuellement dans leur 11ème semaine de lutte. Les travailleurs, ou plutôt les travailleuses – car ce sont pour la plupart des femmes – se sont organisées en un « Collectif des bas salaires » et sont présentes chaque jour dans le hall de l’université, où elles tiennent des tables d’information sur leur mobilisation. Le collectif a en outre organisé des soirées de soutien et une caisse de grève, avec l’appui de nombreux étudiants. Ces méthodes du mouvement ouvrier leur ont permis d’organiser la lutte sur la durée.
Austérité universitaire
Les revendications de ces travailleuses en lutte sont claires : elles réclament une augmentation de salaire de 98 euros et de meilleures conditions du travail. L’augmentation des catégories C de la fonction publique et des contractuels de l’université est plus que nécessaire. Certaines des salariées de l’administration travaillent à Paris 8 depuis 30 ans ; elles ont pourtant vu leur pouvoir d’achat diminuer – et même drastiquement depuis la crise de 2008 et les mesures d’austérité qui ont suivi. Ces dernières se matérialisent dans les universités en particulier par le gel des salaires. Ces décisions sont appliquées localement avec zèle par les directions de toutes les universités françaises, suite aux réformes d’autonomie – en réalité de privatisation – de l’enseignement supérieur.
Pour les catégories C – personnel souvent féminin, le moins qualifié et donc le moins rémunéré de la fonction publique – le salaire de base correspond à peu près à celui du SMIC. Dans certains cas comme ici à Paris 8, à cause du gel du point d’indice dans le cadre de l’austérité gouvernementale, il se situe même en dessous du SMIC. Malgré les promesses annoncées par les gouvernements sur la revalorisation des rémunérations, les salariés de catégorie C n’ont pu voir de changements significatifs sur leurs fiches de paye, au contraire. De plus, une progression des travailleuses dans leurs carrières via les concours nationaux n’est presque jamais possible à cause d’un manque général de postes – un phénomène bien connu qui concerne toute la fonction publique. L’impossibilité de progresser dans la carrière rend pénible la vie des salariées. Et une fois à la retraite, elles gagnent une pension inférieure au minimum vieillesse, qui est actuellement de 800 euros par mois.
La question des bas salaires focalise l’attention, mais c’est un des aspects seulement de cette lutte qui révèle un malaise général à l’université. En effet, la dégradation des conditions de travail se manifeste avec aussi par la précarité de l’emploi (30 % à Paris 8 sont contractuels) et le manque généralisé de personnels dans l’administration, qui se trouve en sous-effectif pour assurer à bien ses tâches.
Des luttes courageuses
La présidente de l’Université Paris 8, Danielle Tartakowsky, refuse toujours de céder aux revendications des grévistes. Pour se justifier, celle-ci a dans un premier temps invoqué l’absence d’un mouvement national, qui l’empêcherait de répondre favorablement aux revendications ! La grève s’installant dans la durée, elle est passée à l’offensive en qualifiant d’imméritées les revendications d’augmentation des salaires. L’hypocrisie de cette « militante de gauche », historienne du PCF et des mouvements sociaux, est un motif de colère en plus pour les travailleuses en lutte – d’autant que la présidente est quant à elle grassement payée par l’Etat. Cette hypocrisie révèle qu’on ne gère pas « à gauche » la crise du capitalisme : les lois de ce système, une fois acceptées, s’appliquent à tous. D’où l’austérité réclamée par les capitalistes pour faire payer leur crise à tous les travailleurs.
La présidente de Paris 8 se trompe cependant sur le caractère local de cette lutte. Les revendications qui émergent sont les mêmes que celles d’autres personnels en lutte, dans d’autres universités comme à Lyon 2 (voir cet article), ou dans d’autres secteurs de l’économie. Partout les conditions de vie, de travail et d’études se dégradent. Mais l’austérité a ses limites, tant celle-ci est un frein pour les besoins immédiats des travailleurs comme des étudiants. Cette lutte courageuse de Paris 8, qui doit être soutenue par tous les étudiants et le mouvement ouvrier, est un avant-goût de ce qui se prépare pour les capitalistes et leurs laquais dans les gouvernements ou les universités !