Agent d’accueil dans une salle de concert : un travail qui permet de voir de nombreux spectacles tout en travaillant hors des horaires de la fac ? Le métier rêvé des étudiants ? Pas vraiment.
Des salaires « annualisés »
Du fait du rythme assez particulier du monde du spectacle, les salles n’ont pas une activité régulière. Les agents d’accueil de l’Auditorium public de Lyon travaillent donc eux aussi de façon irrégulière. Pour un contrat (à durée déterminée, toujours) de 40 heures par mois, pour environ 370 euros, il n’est pas rare de faire 70, voire 80 heures pour... 370 euros !
L’annualisation, procédé presque généralisé dans ce métier, signifie que les heures travaillées en plus, dites « complémentaires » (et donc non majorées), sont sauvegardées et payées une fois par an, pour compenser les mois non travaillés (l’été, en général). Mais le reste de l’année, l’agent d’accueil doit faire vache maigre en travaillant presque tous les soirs jusqu’à fermeture de la salle : bonne chance pour les révisions !
Accueil et Vigipirate
A cela s’ajoute un rôle devenu plus flou depuis les attentats de 2015. Les salles de spectacles ont dû renforcer leur sécurité, sur ordre des préfets. Mais comment faire en sorte que cela ne gonfle pas démesurément les budgets ? Réponse : utiliser les agents d’accueil, transformés en vigiles improvisés. Fouille des sacs, gestion de la sécurité aux abords du bâtiment, surveillance des entrées pendant des heures : autant de tâches qui sont théoriquement réservées aux agents de sécurité, mais qui, faute d’un personnel assez nombreux, se retrouvent confiées aux agents d’accueil, grâce aux limites très floues de leurs contrats.
Un bâtiment inadapté
C’est d’autant plus absurde que la sécurité est loin d’être optimum dans d’autres domaines. Par exemple, les voies d’évacuation incendie destinées aux fauteuils roulants passent par... des escaliers. Ou encore : les portes extérieures du bâtiment ne sont pas hermétiques, ce qui n’arrange pas la situation des agents d’accueil, obligés de rester dans les courants d’air en hiver, sans porter autre chose que l’uniforme réglementaire, peu adapté aux basses températures. Tout cela parce que des travaux d’ampleur coûteraient cher – et que les budgets publics sont en baisse. Pour faire face, la direction s’appuie donc sur ses agents précaires et multitâches.
Considérés par la direction et une partie du public comme des larbins, les agents d’accueil sont particulièrement précarisés. Ils sont aussi très peu syndiqués, alors qu’ils seraient les premiers à bénéficier d’une lutte commune avec les autres personnels de salle. Administratifs, techniciens, artistes et agents d’accueil unis : c’est la seule garantie d’un meilleur rapport de force en faveur des précaires dans l’industrie du spectacle et de la culture.