Le 29 avril dernier, le restaurant « Saveurs Gourmandes », à Albi (Tarn), a fait l’objet d’un contrôle de l’inspection du travail. Les agents ont découvert que le restaurant logeait et faisait travailler six personnes sans-papiers dans des conditions abjectes : hébergées à l’étage de l’établissement, elles dormaient sur des matelas posés à même le sol, sans draps, dans des chambres de 5 m2 sans fenêtre. Elles n’avaient pas de chauffage et vivaient au milieu des déchets dans une atmosphère nauséabonde.

Pour bénéficier d’un tel luxe, elles devaient payer un loyer directement prélevé sur leur salaire, qui tombait à 3,50 euros de l’heure. Elles étaient contraintes de travailler six jours par semaine, et  jusqu’à 12 heures par jour. Enfin, elles n’avaient le droit de manger que les restes des clients, qu’elles devaient tout de même payer !

Etat complice

C’est un « rabatteur » – chargé d’orienter des travailleurs sans-papiers vers un patron – qui a proposé à ces personnes d’aller travailler dans ce restaurant albigeois. Il les a contraintes à se munir de faux papiers.

Après la visite de contrôle, les services de l’Etat n’ont pas fermé le restaurant, mais seulement l’« hébergement collectif » où vivaient les six personnes.

Comme si cela ne suffisait pas, les victimes ont été transformées en coupables : les six personnes sont désormais la cible d’un signalement des services préfectoraux auprès du procureur de la république. Elles ont même été placées en garde à vue. Depuis l’inspection, deux de ces travailleurs sont sous le coup d’une « Obligation de quitter le territoire français » (OQTF). Dans cette affaire, la barbarie des propriétaires du restaurant et des réseaux de « rabatteurs » a trouvé son prolongement dans l’Etat bourgeois, sa police et sa « Justice ».

Laure Malleviale, Secrétaire générale de la CGT du Tarn, a annoncé qu’une plainte collective pour « traite d’êtres humains » allait être déposée auprès du procureur. Etant donnée la réaction des pouvoirs publics à ce jour, il est fort possible que cette plainte soit classée sans suite : l’Etat bourgeois ferme délibérément les yeux sur les cas – innombrables – d’exploitation brutale de travailleurs sans-papiers, en toute illégalité. Le mouvement ouvrier doit organiser un mouvement de solidarité concrète, y compris sous la forme de grèves, contre les patrons qui profitent des travailleurs sans-papiers – et contre l’Etat bourgeois qui en fait des criminels !

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