Après 69 jours de grève reconductible, les femmes de ménage de l’hôtel Radisson Blu à Marseille ont remporté une victoire. Nous avons échangé avec une gréviste, Ansmina, déléguée du personnel et syndiquée CNT.
Situé sur le vieux port, cet hôtel de luxe sous-traite le ménage à la société Acqua. Celle-ci exploite durement ses salariées, qui sont forcées de travailler dans des conditions très difficiles : « on manque de matériel. On doit parfois se partager un aspirateur pour tout un étage. Les chariots pour transporter le matériel sont lourds, vétustes et se renversent fréquemment, blessant des collègues, parfois gravement. »
La direction d’Acqua dérogerait aussi souvent au Code du travail : « Quand un client ne rend pas sa chambre à l’heure prévue, ce qui peut faire parfois jusqu’à 3 heures de retard, nous ne sommes pas payées. Pourtant, une badgeuse est bien présente dans l’hôtel. Elle est censée permettre le paiement à l’heure, ce dont Acqua se vante publiquement. Mais ils mentent, ils nous paient encore à la chambre ».
Les dirigeants d’Acqua peuvent aussi envoyer leurs salariées travailler ailleurs qu’au Radisson Blu – parfois dans des sites très éloignés – sans jamais payer pour les frais de déplacement.
Détermination
Le 24 mai, les 18 femmes de ménage qui travaillent sur ce site se sont mises en grève. « Avant les filles avaient peur de faire grève. Les gouvernantes [manageuses] leur mettaient la pression et leur disaient qu’elles allaient se faire virer. Elles jouaient sur le fait que beaucoup sont des travailleuses immigrées et ont besoin de leur travail pour conserver leur titre de séjour. Mais trop c’est trop ! Les filles sont elles-mêmes venues me chercher pour qu’on se mette en grève ».
Durant cette grève, les dirigeants du Radisson Blu et d’Acqua ont multiplié les coups de pression contre les grévistes. Pour les menacer, ils ont envoyé des vigiles, des policiers, et même le président du syndicat des commerçants du Vieux-Port ! Mais elles ne se sont pas laissées intimider.
Leur détermination a payé. Le 30 juillet dernier, les dirigeants d’Acqua ont été contraints de signer un accord qui accordait aux grévistes « une clause de mobilité » qui limite à trois par mois les déplacements sur d’autres sites, un treizième mois et une hausse des salaires de 9 %.
Cette lutte résolue est un exemple à suivre !