La crise de régime a des airs de série télévisée. Hier, l’épisode ne manquait pas d’intensité dramatique. Deux heures avant une interview de Macron préparée de longue main, les dirigeants du NFP se sont mis d’accord pour lui demander de nommer Lucie Castets à Matignon. Résultat : refus de Macron, protestations des dirigeants du NFP. Tous les éléments d’une fin de première saison étaient réunis : un coup de théâtre, l’apparition d’un nouveau personnage, une tension croissante – et, surtout, du suspens. La saison 2 peut commencer. Elle pourrait s’avérer encore plus divertissante que les Jeux Olympiques.

« Il est faux de dire que le Nouveau Front Populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit », a déclaré Macron hier soir. L’essentiel, ici, c’est le « quelle qu’elle soit » : le NFP, donc, n’aurait pas même une majorité relative ? Pour qu’une telle affirmation cesse d’être un pur et simple déni, il faudrait qu’une autre majorité – relative ou absolue, mais en tous cas plus large que celle du NFP – se constitue. Or, dans la mesure où le RN n’en fera pas partie, cela suppose soit la fracture du NFP, qui vient pourtant d’affirmer son unité derrière le nom de Lucie Castets, soit une coalition constituée de l'ensemble des députés macronistes et LR, ce qui est loin d'être évident. Soulignons que, dans le premier cas, cela revient à dire au NFP : « pour appeler un nouveau gouvernement, j’exige d’abord que vous vous divisiez ». C’est absolument inédit.

Dans les jours et les semaines qui viennent, quelques députés « de gauche » pourraient répondre favorablement à l’appel de Macron. Mais comme nous l’expliquions hier, les dirigeants du PS, des Verts et du PCF ont de bonnes raisons de ne pas céder aux sirènes présidentielles : d’une part, ils seraient minoritaires au sein d’une coalition dominée par la droite ; d’autre part, cela renforcerait immédiatement la France insoumise, qui serait alors la seule opposition de gauche.

Comme dans toute bonne série télévisée, il est difficile de prédire la suite des événements. Mais relevons tout de même que Macron doit systématiquement « exclure » la possibilité d’une élection présidentielle anticipée. Si c’était vraiment « exclu », il ne devrait pas avoir à le répéter sans cesse. En réalité, sa démission est l’une des conclusions possibles de la saison 2.

Jusqu’à présent, la crise politique s’est déroulée essentiellement dans la sphère électorale et parlementaire. Dans les semaines et les mois qui viennent, elle pourrait prendre la forme de grandes mobilisations extra-parlementaires. C’est d’ailleurs indispensable. Le fait est que le programme du NFP ne trouvera pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui est dominée par la droite et l’extrême droite, numériquement. Dès lors, comme nous l’écrivions hier : « les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de la nouvelle Assemblée nationale ; ils ne pourront compter que sur leurs propres forces. Seules de grandes mobilisations sociales, sous la forme de manifestations et de grèves massives, ouvriront la perspective d’arracher des améliorations sérieuses de nos conditions de vie, d’étude et de travail. L’axe de la lutte n’est plus sur le terrain parlementaire ; il est désormais dans la rue, dans les entreprises et dans les quartiers populaires. (…)

« La jeunesse et les travailleurs ne doivent pas attendre passivement de savoir à quelle sauce gouvernementale ils vont être mangés. Les militants syndicaux, en particulier, doivent faire pression sur leurs directions pour qu’elles élaborent un plan de bataille offensif et armé d’un programme radical. Quant aux militants de la FI, ils doivent exiger de leurs dirigeants qu’ils cessent les manœuvres parlementaires et se tournent vers le mouvement ouvrier pour construire un “front” de lutte. Enfin, nous appelons à nous rejoindre – et à construire, avec nous, un authentique Parti communiste –  tous ceux qui comprennent la nécessité d’en finir avec le système capitaliste lui-même. »

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