Les rapports de production capitalistes sont entièrement subordonnés à la course aux profits. Les bourgeois n’investissent dans la production que dans la mesure où ils en escomptent un profit. Mais d’où vient ce dernier ? Quelle en est la source ?

Dans leurs diverses réponses, les économistes bourgeois rivalisent d’imagination : le profit serait le fruit d’un mystérieux « travail » des capitalistes, ou la compensation de leur « prise de risque », ou encore – en toute modestie – la rémunération de leur « génie créateur »… Dans tous les cas, il semblerait que les travailleurs n’y soient pour rien !

Travail et « force de travail »

A la différence de leurs héritiers contemporains, les premiers grands économistes bourgeois – tels Adam Smith et David Ricardo – ont fait nettement progresser leur science. Karl Marx les a étudiés à fond et leur doit beaucoup. Cependant, Smith et Ricardo ne parvenaient pas à expliquer l’origine du profit que le capitaliste extrait du processus de production. En effet, ils considéraient que, dans l’entreprise, le capitaliste et le salarié échangent du travail contre un salaire. Or sur tout marché, y compris celui-ci, il y a échange entre des valeurs équivalentes. Donc, s’il ne se passe rien d’autre dans l’échange entre le travailleur et l’employeur, s’il y a simplement un échange de valeurs équivalentes (travail contre salaire), il ne peut en résulter aucun profit. Si X est égal à Y, je peux échanger un million de fois X contre Y, cela ne créera pas un centime de profit.

Marx a résolu cette énigme en soulignant que le salarié ne vend pas son travail au capitaliste, mais plutôt sa force de travail. La différence est décisive. En effet, le capitaliste paye bien la force de travail à sa valeur, laquelle est déterminée par la quantité de travail requise pour produire les biens permettant au salarié de revenir travailler, chaque jour : nourriture, vêtements, logement, etc. Mais une fois qu’il a acheté la force de travail, le capitaliste consomme cette marchandise. Or il s’agit d’une marchandise très spéciale, d’une poule aux œufs d’or, car sa consommation – c’est-à-dire le travail effectif du salarié – produit de la valeur. Mieux encore : si tout se passe bien pour le capitaliste, le travail du salarié produit davantage de valeur que la valeur de son salaire. Ce surplus (ou « plus-value »), c’est le profit. [1]

Autrement dit, la source du profit capitaliste, c’est l’exploitation de la force de travail – et rien d’autre. Le profit est ce que Marx appelait « le travail impayé de la classe ouvrière » : c’est toute la valeur que les salariés ont créée en plus de la valeur de leurs salaires, à la fin de la journée de travail. Voilà ce que les économistes bourgeois s’efforcent de masquer, dans leurs fantaisistes théories du profit.

La lutte des classes

Cette démonstration de Marx, qu’il développe dans la première partie du Capital, ruine l’idée selon laquelle « plus les capitalistes font des profits, mieux les salariés se portent ». En un sens, c’est tout le contraire : chaque augmentation de salaire est une diminution équivalente du profit. Inversement, chaque baisse de salaire est une augmentation équivalente du profit. Ce rapport contradictoire entre le profit et le prix de la force de travail est au cœur de la lutte des classes. En dernière analyse, la lutte pour de meilleurs salaires, de bonnes conditions de travail, des retraites décentes, des services publics de qualité, etc., est une lutte pour le partage – entre capitalistes et travailleurs – de la valeur totale créée par les seuls travailleurs.

A la différence des réformistes, les marxistes ne se contentent pas de défendre la lutte – en elle-même indispensable – pour accroître la fraction des richesses produites qui revient aux travailleurs sous une forme ou sous une autre. Nous lions étroitement cette lutte au combat plus général pour en finir avec l’exploitation capitaliste, ce qui suppose l’expropriation des capitalistes et le transfert des grands moyens de production entre les mains des travailleurs. Tel est l’axe central du programme des communistes révolutionnaires.


[1] Nous résumons ici une analyse que Marx développe sur des centaines de pages. A ceux qui veulent approfondir cette question, nous conseillons de commencer par la lecture de notre Introduction à la théorie économique de Marx.

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