Depuis la fin des années 80, les services postaux français subissent un long et méthodique processus de dérèglementation de leurs activités, avec pour objectif la privatisation totale de ce secteur.
L’ancien service des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) a été progressivement démantelé. La séparation de La Poste et de France Télécom, en 1991, marquait un premier tournant majeur. Un deuxième tournant fut l’ouverture progressive à la concurrence des services de télécommunication, dans les années 1990.
Au cours des années 2000, La Poste accéléra sa politique de privatisation. La course à la rentabilité entraîna des augmentations de tarifs (hausse du prix des timbres, création des « Colissimos » au coût plus élevé que celui des simples colis) et la fermeture de très nombreux bureaux de Poste. Le rôle social de La Poste, sa fonction de service public maillant l’ensemble du territoire, a été brisé au profit d’une gestion libérale : l’usager est devenu un client et la profitabilité l’objectif central. L’année 2011 a vu l’ouverture à la concurrence de l’ensemble des activités de courrier de La Poste – et donc la fin du monopole de l’entreprise sur la distribution des divers types de courrier.
Avec un cynisme total, les dirigeants du groupe ont imposé aux travailleurs de « nouvelles » méthodes de management. De nouvelles tâches leur ont été assignées, comme le relevé des compteurs de gaz, l’installation de la TNT (Télévision Numérique Terrestre), la vente de téléphones portables, de forfaits internet, etc., pendant que des opérations de courrier ont été déléguées à divers commerces, tels que les supermarchés de centre-ville. Et ce que les facteurs de La Poste faisaient naturellement, comme prendre le temps de discuter avec les personnes âgées, s’est transformé en offres commerciales auxquelles le « client » peut souscrire.
Montage financier
Fin août, le gouvernement a amorcé une nouvelle étape dans la privatisation de La Poste : il a annoncé que l’Etat allait cesser d’être actionnaire majoritaire du groupe, au profit de la Caisse des dépôts. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a aussi annoncé un développement des activités bancaires et d’assurance de La Poste, via une montée de la Caisse des dépôts dans le capital (privé) de l’entreprise « CNP Assurances ».
L’un des objectifs officiels de cette opération est de compenser la baisse de volume du courrier. Le gouvernement a beau affirmer que La Poste restera un service public, elle verra ses missions bancaires et d’assurances les plus rentables se développer – au détriment des missions d’intérêt général. Et comme le note la CGT de La Poste, le devenir de nombreux travailleurs du groupe est très incertain, dans un contexte où les effectifs ne cessent de diminuer, d’année en année.
Le retour à un authentique service public postal ne peut passer que par la renationalisation complète de La Poste, sous le contrôle démocratique de ses salariés. L’objectif de La Poste ne doit pas être de générer des profits, mais d’assurer un service public de qualité et accessible à tous.