Lundi 3 avril : l’intersyndicale et l’AG de l’Union Départementale CGT
A 14 heures, l’intersyndicale de Toulouse, composée de presque tous les syndicats et des délégués des AG étudiantes a confirmé, ce jour-là, la décision prise quelques jours auparavant de faire des actions médiatiques. Il avait été décidé notamment du blocage des centres de tris postaux toulousains pour le mercredi, et du blocage de l’usine d’Airbus le jeudi.
A 17 heures, lors de l’AG de l’Union Départementale CGT, les représentants syndicaux sont venus faire état de la mobilisation dans les entreprises, et une discussion s’est engagée sur la manifestation du lendemain, ainsi que sur les perspectives pour le mouvement. Beaucoup ont fait part de leurs inquiétudes sur la possibilité d’un essoufflement du mouvement, notamment parce que le gouvernement n’avait pas cédé malgré les manifestations gigantesques, mais aussi parce les nombreuses journées de grèves ont imposé de lourds sacrifices financiers à bon nombre de salariés.
Ce contexte explique aussi que la question d’une grève générale est revenue à de nombreuses reprises dans la discussion, lors de l’AG de la CGT, notamment de la part des représentants syndicaux des personnels de l’Université Paul Sabatier (Toulouse 3), en grève reconductible depuis le 14 mars.
Mardi 4 avril : 90 000 manifestants dans les rue de Toulouse
La manifestation, au moins aussi forte que le 28 mars, donnait une impression de confiance de la part des manifestants. Les rangs des manifestants étaient plus serrés que la dernière fois, et l’humeur était plus optimiste et combative. Sur l’initiative de La Riposte, Miguel Artola, un représentant du Syndicat des Etudiants Espagnols, avait fait le voyage en France pour soutenir le mouvement. Il est intervenu sur les camions de la jeunesse, de la CGT et de la FSU, et les manifestants qui l’ont entendu témoigner de la solidarité internationale des salariés et des étudiants l’ont à chaque fois chaleureusement applaudi. Il faut remarquer qu’il y avait moins de salariés de public que lors du 28 mars, mais plus de salariés du privé.
Mercredi 5 avril : blocage des centres de tris postaux
Dès 5 heures du matin, les deux principaux centres postaux de Toulouse ont été occupés par des étudiants, des lycéens et des salariés venus nombreux pour perturber la distribution du courrier. Ils ont laissé sortir les camions vers 10 heures.
Jeudi 6 avril : blocage du convoi de l’A380 et blocage d’Airbus...
Dans la nuit du 5 au 6, à minuit et demi, le convoi qui transporte l’A380 a été bloqué par une centaine d’étudiants. Ils se sont assis par surprise, devant le convoi, à moins d’un kilomètre de sa destination : l’usine d’assemblage d’Airbus. Les étudiants ont été dispersés par la gendarmerie après 3 heures du matin.
Après le coup très médiatique de la nuit, le blocage du site d’Airbus, de 7 heures à 9h30, fut vraiment très impressionnant, puisque le blocage des entrées de l’usine de Saint-Martin du Touch et de Colomiers a provoqué des immenses embouteillages qui ont paralysé quasiment tout le périphérique toulousain et une grande partie de l’agglomération, jusque vers 10h. Il faut savoir que rien que sur le site d’Airbus, environ 20 000 salariés viennent travailler chaque jour. Ces dix dernières années, le site a connu une explosion de la sous-traitance et de la précarité. Le blocage, qui s’est fait dans le calme et la bonne humeur, a été assez bien accueilli par les salariés, même s’ils ont été surpris - la plupart n’ayant jamais vu une action d’une telle ampleur à Airbus. Les étudiants ont levé les barrages vers 9h30. Malheureusement, le seul syndicat de l’usine à avoir manifesté sa solidarité avec les étudiants, sur les barrages, a été la CGT.
A la suite du blocage, de nombreuses discussions se sont engagées un peu partout dans cette entreprise de 12 000 salariés, dont plus de 50% s’étaient mis en grève le 28 mars. Point très positif : des échanges constructifs ont eu lieu entre les salariés opposés au CPE et ceux qui étaient contre les actions anti-CPE, sans que toutefois ces derniers soient tous pour le CPE. Cette action de blocage aura donc eu le mérite de « débloquer » les langues...
... et blocage de la gare SNCF
Enfin, dans l’après-midi, environ 450 étudiants ont bloqué la circulation ferroviaire entre 15h30 et 17h, en occupant les voies ferrées au nord de la gare Matabiau. Le trafic a été entièrement paralysé au départ et à l’arrivée, à Toulouse. Par contre, les étudiants se sont faits déloger sans ménagement par les forces de l’ordre, et ils y a eu 6 bléssés légers - 5 étudiants et 1 policier, tous les 6 transportés à l’hôpital. 6 étudiants ont été arrêtés par la police.