Le travail d’assistant d’éducation (AED) est incontestablement l’un des postes les plus précaires de l’Education nationale. Depuis la création des AED, en 2003, ils n’avaient jamais connu de mouvement de grève. Mais des années de ras-le-bol et la gestion catastrophique de la crise sanitaire ont fait éclater la grève du 1er décembre, avec comme slogan : « Nous ne sommes plus vos pions ». Cette grève a mobilisé des centaines de « vies scolaires » en France.
Entretien avec Quentin, AED dans l’Hérault et membre du collectif Vie S’Colère 34.
En quoi consiste le travail d’AED ?
Nous sommes un peu les couteaux suisses de l’Education nationale. On fait de la surveillance, on fait de l’aide aux devoirs, on aide les élèves en cas de problèmes. Mais on réalise aussi d’autres tâches. On peut être référents numériques, techniciens de maintenance, administrateurs de réseau, etc. Moi je suis assistant pédagogique.
Depuis la création des AED, en 2003, c’est la première fois qu’une grève massive a lieu. Qu’est-ce qui l’a provoquée – et quelles sont vos revendications ?
Il y avait une colère qui couvait depuis plusieurs années. La crise sanitaire a été le révélateur du ras-le-bol général. Ça a commencé dans les Bouches-du-Rhône. Dès que j’ai vu ce mouvement, je m’y suis engagé, car il permettait de porter notre voix, celle des oubliés de l’Education nationale.
Parmi nos revendications, il y a la baisse du temps de travail. On travaille de 40 à 42 heures par semaine ; on demande les 35 heures. Et encore c’est gentil, car avant 2003 les pions étaient à 32 heures.
On demande la revalorisation des salaires, car un SMIC pour tout le boulot qu’on doit assurer c’est insuffisant, sachant que les AED à mi-temps ne gagnent que 620 euros par mois.
On demande la prime REP/REP+ (REP : Réseaux d’éducation prioritaire), qui est normalement attribuée à tous les personnels de l’Education nationale en zone prioritaire, mais pas aux AED ni aux AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap).
On demande à être titularisés. Aujourd’hui, on est en CDD renouvelable, ce qui peut provoquer du chantage au renouvellement de contrat de la part des chefs d’établissement.
Le 1er décembre, il y avait une quarantaine de vies scolaires en grève dans le seul département de l’Hérault, ce qui est énorme. Comment comptez-vous préparer la suite, en janvier ?
En assemblée générale, on a décidé de préparer une grève reconductible dure à partir du 19 janvier, la date pouvant changer selon les décisions au niveau national. On se donne un gros mois pour se coordonner au niveau national, prendre contact avec les vies scolaires et médiatiser notre mouvement.
On veut que le mois de janvier soit le mois des AED et des précaires de l’Education nationale.
Comment peut-on soutenir votre lutte dans les semaines à venir ?
Déjà, en médiatisant nos actions et nos rassemblements. On a aussi une caisse de soutien. On se donne un mois aussi pour qu’elle se remplisse avant de démarrer la grève, car l’argent c’est le nerf de la guerre.