Les organisations réunies au sein du comité de soutien de l’hôpital Sainte-Marguerite (CGT, FSU, PCF, PG – entre autres) ont signé une pétition adressée à la fois à Marisol Touraine, ministre de la Santé, à Jean-Claude Gaudin (le maire de Marseille), à la direction de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et à la direction de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM). Cette pétition revendique le retour – sur Sainte-Marguerite – des services de réanimation et d’urgence, de façon à assurer la sécurité sanitaire et désengorger l’hôpital de la Timone. Elle demande également l’arrêt immédiat de tout transfert, de toute fermeture d’activités restantes sur le site de Sainte-Marguerite, ainsi que l’arrêt immédiat de toutes les ventes de patrimoine public.
La dignité, la confiance, la sérénité, l’organisation : voici ce qui permet d’assurer la qualité des soins. A Marseille, cela passe par l’action de l’hôpital Sainte-Marguerite, comme hôpital public de proximité, menacé par l’actuelle politique de santé.
Suppressions de postes et de lits
Privatisation rampante des hôpitaux, dégradation des conditions de travail : cette situation est le fruit de contre-réformes mises en œuvre par les gouvernements successifs et aujourd’hui par Marisol Touraine. Au niveau national, le gouvernement prévoit de supprimer 22 000 postes et 16 000 lits d’hospitalisation d’ici à 2017. Comment ? En fusionnant, regroupant, mutualisant, bref en poursuivant une politique de santé aux antipodes d’un service public de qualité.
Souffrance au travail
La question des conditions de travail est fondamentale. Comme ailleurs, les hôpitaux marseillais sont en sous-effectif chronique. L’attente aux urgences s’allonge dramatiquement. Le personnel titulaire est sans cesse rappelé sur ses jours de congé, amené à faire des heures supplémentaires... La souffrance au travail augmente, les « burn-out » sont de plus en plus fréquents. Les lombalgies frappent de très nombreux aides-soignants, les accidents du travail se multiplient. Les internes – auxquels on fait souvent miroiter un poste, à la fin de leurs études – travaillent plus de 50 heures par semaine, en moyenne. Et pas le droit de craquer : dans cette branche, le « management » repose volontiers sur la culpabilisation du personnel soignant. Si l’un de nous est absent et non remplacé, c’est la ou le collègue qui fera son travail et qui en pâtira en même temps que les patients.
En poursuivant la politique de restriction du personnel soignant, le gouvernement impose un recul des conditions de travail tel que les répercussions sur la qualité des soins seront de plus en plus graves.
Pour une santé 100 % publique
Les hôpitaux publics et la médecine ambulatoire publique garantissent un secteur de la santé non lucratif. A l’inverse, les cliniques privées, les mutuelles et tout maillon privé de la continuité des soins (prestataires de services, transports privés, appareillages, etc.) traitent la santé comme une marchandise pleinement intégrée dans le marché capitaliste. C’est-à-dire comme une source de profits, et rien d’autre. Délocalisation de lits et de services, mise à mort du financement de l’hôpital public, privatisations : tout cela aboutit à une médecine à deux vitesses, où ceux qui ont les moyens ont les meilleurs soins ; pour les autres, c’est une galère et un investissement financier et personnel conséquent, voire impossible.
Tout le monde devrait avoir accès à des soins gratuits et de qualité. Mais pour mettre un terme aux logiques de marché dans ce secteur, il faut d’abord nationaliser l’ensemble des cliniques et des structures de soins privées, puis les intégrer dans un seul et même service public de la santé. Il faut en finir avec la gestion capitaliste des hôpitaux ; ils doivent être placés sous le contrôle démocratique des personnels soignants et des associations de malades. Il faut un plan d’embauche massif pour mettre fin au sous-effectif chronique et améliorer les conditions de travail. C’est la seule voie pour répondre dignement aux besoins des patients.
Sébastien Vergan (Interne en médecine générale – Marseille)