L’arrêt des services des urgences et de réanimation, en 2010, a marqué le début de la fermeture des hôpitaux de proximité des quartiers Sud de la cité phocéenne. Depuis, les services d’addictologie, d’endocrinologie et le COREVIH (Coordination Régionale de la lutte contre le VIH) ont été délocalisés, sur fond de privatisation et d’austérité. La fermeture de la pharmacie de l’hôpital Sainte-Marguerite est prévue en 2022.
Les engagements du « Printemps Marseillais »
Pour mettre un terme à ces politiques, une quinzaine de soignants, des délégués CGT et des usagers ont fondé le « Comité de soutien des hôpitaux Sud », en 2014. Pendant la campagne pour les élections municipales de 2020, ils avaient reçu le soutien public du « Printemps Marseillais », la coalition électorale réunissant des membres de collectifs de citoyens et de partis politiques (EELV, PS, PCF, France insoumise et Génération.s).
Dans le domaine de la santé publique, le programme du Printemps Marseillais s’engageait à créer mille emplois de soignants, à développer la psychiatrie de secteur et à créer des centres de santé de proximité. Sur la question spécifique des hôpitaux Sud (Sainte-Marguerite et Salvator), le Printemps Marseillais revendiquait : 1) la sortie de l’austérité et un investissement massif dans le développement de l’hôpital public ; 2) le retour des urgences et d’un service de réanimation ; 3) la création d’un EHPAD public avec un plateau technique permettant l’accueil de personnes âgées atteintes de maladie mentale.
La victoire électorale du Printemps Marseillais, en juin 2020, était une expression du rejet des politiques de privatisation et d’austérité mises en œuvre pendant les quatre mandats consécutifs de Jean-Claude Gaudin, l’ex-maire de Marseille.
Un an plus tard, le vote du budget municipal rappelle la nouvelle majorité municipale à ses engagements. Or le vendredi 2 avril, dans La Provence, on pouvait lire : « les élus marseillais doivent voter une enveloppe de 1,525 milliard d’euros pour 2021. Un “budget Gaudin”, à 39 millions d’euros près, voté par la gauche, devant une droite qui s’abstient. » Benoit Payan, le nouveau maire de Marseille, le justifie en ces termes : « Nous avons négocié avec les banques. Nous devons regarder à la moindre dépense, chercher les économies partout où c’est possible, et c’est ce que nous faisons. »
Avec un tel budget, on voit mal comment la nouvelle majorité municipale pourrait tenir ses promesses électorales en termes d’investissement dans la santé publique en général – et dans les hôpitaux Sud en particulier.
La lutte continue
Au moyen de grèves, de manifestations et d’interpellations de la municipalité, le Comité de défense des hôpitaux Sud dénonce la poursuite d’une « vente à la découpe » du site, au profit de cliniques de santé privées et d’investisseurs immobiliers. Benoît Payan nuance : « nous allons procéder à quelques ventes, pour remettre ce patrimoine en fonctionnement ». Mais le seul fonctionnement désirable, c’est celui d’un véritable hôpital public, avec un centre de santé, un EHPAD, un service d’urgence de proximité et le retour des services qui l’accompagnent.
Révolution apporte son soutien au Comité de défense des hôpitaux Sud. Nous appelons nos lecteurs à signer la pétition contre la fermeture des hôpitaux Sud à Marseille. A l’heure où le gouvernement jette des dizaines de milliards d’euros dans les caisses du grand patronat, sous couvert de « plan de relance », on ne peut accepter que la santé publique soit sacrifiée pour « chercher des économies », selon la formule du nouveau maire. L’ensemble du mouvement ouvrier de Marseille doit se mobiliser pour obliger la mairie à tenir ses promesses !
Nationalisation et gestion démocratique
Les actionnaires propriétaires de cliniques et d’hôpitaux, par exemple du groupe Ramsay à Marseille (Clairval, Monticelli et Saint Barnabé), priorisent la rentabilité de leur « hôpital-entreprise ». Ils ne s’intéressent qu’aux profits. Tandis que le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 10 % en 2020, pour s’établir à 3,7 milliards d’euros, le bénéfice net par action a bondi de 20 %. Si les hôpitaux privés étaient nationalisés, tout l’argent qui, aujourd’hui, part dans les poches des actionnaires pourrait être investi dans le secteur hospitalier, dans ses hôpitaux de proximité et dans l’ensemble de la santé publique.
Alors que nous étions plongés dans la première vague de l’épidémie, la direction de l’hôpital Sainte-Marguerite a tardé à prendre les mesures nécessaires pour contenir le risque sanitaire. En conséquence, il y a eu de nombreuses contaminations. A l’époque, la CGT des hôpitaux Sud avait déposé un avis de « danger grave et imminent ». En réalité, seuls les acteurs de terrain avaient anticipé les risques – et réussi à les contenir. Voilà pourquoi un hôpital 100 % public devrait être dirigé démocratiquement par des représentants – élus et révocables – des personnels et des usagers.